Chaque week-end des fans de tunning se rassemblent dans des zones commerciales pour exposer leurs voitures et participer à des "runs", des courses sauvages illégales et dangereuses. Certains fans de mécanique se prennent pour des pilotes de fast and furious : dérapages, accélérations, le tout au milieu des spectateurs. Plusieurs personnes ont été blessées ces dernières semaines.
La nuit tombe sur cette zone commerciale du sud de Rouen. Des voitures flanquées d'ailerons, de néons violets et de pots d'échappement trafiqués investissent le parking de la Halle aux Chaussures. Alex s'appuie sur le capot de sa vieille BMW argentée, "Le vendredi soir après le boulot, on se retrouve entre copains. On prend l'apéro, on mange et on vient ici au rasso, au rassemblement", explique le jeune de 20 ans. La zone se transforme en circuit, un passage piéton fait office de ligne de départ. Le vrombissement des moteurs et le crissement des pneus s'entremêlent dans un vacarme assourdissant. Les chauffards dérapent dans les ronds-points à quelques mètres de la foule. 200 spectateurs collés à la route, des jeunes et des familles.
Des pneus qui fument, une course entre une moto et une voiture sur la grande ligne droite entre Carrefour et les magasins But : Paul capte tout avec son smartphone. "C'est sympa à regarder, ça fait un peu de spectacle, même si les pneus explosent parfois comme tout à l’heure", se réjouit le jeune Normand. Au bout de la ligne droite, un pilote improvisé au volant d'une BMW à la carrosserie multicolore dérape dans le rond. Casquette et gilet d'un équipementier automobile, ce trentenaire se gare sur le parking, il doit changer l'un de ses pneus, crevé par l'effort. "Je fais ça pour amuser les gens, leur faire oublier ce qu’ils vivent la semaine. On ne ferait pas ça sur la route où tout le monde roule", explique cet amateur de "runs".
"Je sais que c’est dangereux et illégal. Mais si on ne fait pas n’importe quoi ça ne me choque pas". Un peu plus tard dans la nuit, un jeune perd le contrôle de sa voiture dans un rond-point et tape "légèrement" le trottoir, seulement de la tôle pour cette fois. "La police vient régulièrement, généralement, ils se mettent au milieu de la route et on s'en va. Parfois, on revient quand même quelques heures après", confie Alex, le jeune à la BM argentée.
Les runs ne doivent plus faire de victimes, il faut que ça s’arrête.
La sœur de Christopher, 18 ans, mort lors d’un run, percuté par un chauffard.
Ces runs virent parfois au drame, un jeune de 18 ans est mort il y a un an dans le Nord. Sa famille a accepté de témoigner, sur le lieu de l'accident. Nous nous retrouvons sur le parking d'Intermarché à Somain près de Lens. Devant nous, un poteau décoré de roses blanches et de bougies. "Pour ne pas qu'on oublie ce qu'il s'est passé le soir du 1er mai 2022", s'émeut Christina, l'une des trois grandes sœurs.
"Christopher était venu pour regarder les voitures, parce qu’il adore ça. Un jeune s’est mis à faire des accélérations, il a perdu le contrôle de sa voiture et percuté mon frère", reprend Alexia, l'aînée de la fratrie. "J’ai un sentiment de colère et de haine, c’est indescriptible. Il ne faut plus que les runs fassent de victimes, il faut que ça s’arrête. Quand on vous appelle à 4h en pleine nuit et qu’on vous annonce que votre frère est mort, c'est affreux", raconte Alexia. Le chauffard de 20 ans a reconnu les faits. Mais l'enquête prend du temps, trop de temps selon la famille de Christopher. Le véhicule n'a toujours pas été expertisé.
La lutte contre les rodéos urbains, les runs ou les acrobaties à moto, c'est l'une des priorités de Gérald Darmanin. Dans un télégramme envoyé début avril aux préfets, le ministre de l'Intérieur demande plus de contrôles, plus de saisies et plus d'utilisation de la vidéosurveillance. "La police nationale peut contrôler les engins et disperser les rassemblements", assure Sonia Fibleuil, la porte-parole de la Police nationale.
"Nous allons multiplier nos patrouilles sur le terrain". La police a déjà réalisé 20.000 opérations anti-rodéos depuis le début de l'année, alors que la saison des courses sauvages débute à peine. L'an passé, 60.000 contrôles avaient été effectués. Ces chiffres concernent les deux types de rodéos, les runs en voiture et les rodéos à moto. Dans ces deux cas, les participants risquent deux ans de prison et 30.000 euros d'amende. Une peine qui peut s'élever à 7 ans si des spectateurs sont blessés ou tués.
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