L'enquête ouverte en novembre dernier par le Parquet national financier (PNF) sur le cumul d'emplois occupés par l'ex-épouse d'Eric Ciotti entre 2007 et 2016 a déjà donné lieu à une série d'auditions par les enquêteurs de l'Oclciff (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières) d'après les informations de RTL confirmées par le parquet financier. Le député et patron des Républicain a été entendu en audition libre le 13 décembre et son ex-épouse Caroline le 20 décembre pendant plusieurs heures. L'enquête se poursuit et les documents et justificatifs produits par les deux protagonistes sont désormais analysés par la police judiciaire.
Le Canard enchaîné avait épinglé dans son édition du 16 novembre les multiples emplois occupés pendant plusieurs années par Caroline Magne entre 2007 et 2016 alors qu'elle était à l'époque collaboratrice parlementaire de son mari, député LR à l'assemblée nationale, poste qu'elle a finalement quitté en 2017. Le cumul était déjà en partie connu et public, notamment sur le profil Linkedin de l'intéressée, mais il n'avait jamais été épinglé par un article de presse. Le PNF a donc ouvert une enquête pour détournement public et recel afin de vérifier si les faits sont de nature à constituer une infraction.
Dans le détail l'ex-madame Ciotti a été successivement employée au département des Alpes-Maritimes (2007-2008), puis à la mairie de Nice comme chargée de communication de Christian Estrosi (2008-2012). À la même période, Caroline Magne a été chef de cabinet de la mairie, du département, et de la communauté urbaine à partir de août 2008, soir trois postes en un.
De 2010 à 2012 elle dirige également le Nice Jazz Festival, puis, d'après Le Canard enchaîné, elle occupe un poste au diocèse de de 2012 à 2014. Entre 2014 et 2016 enfin, Caroline Magne devient directrice des générale des services (DGS) à temps plein de la petite mairie de la Colle sur Loup, petite ville située sur les hauteurs de Nice, pour une rémunération de 67.000 euros par an d'après une enquête Libération. Pendant toute cette période elle a conservé ses fonctions d'attachée parlementaire à temps partiel de son mari Eric Ciotti.
L'enjeu de l'enquête, et donc les suites qui seront données par le PNF, porte d'une part sur la légalité du cumul de ces postes, certains étant soumis à des règles précises de la fonction publique. L'enquête porte aussi sur les conditions dans lesquelles ces postes ont été obtenus, et si Eric Ciotti a pu éventuellement faire jouer son poids politique local pour les obtenir. Enfin, comme pour l'affaire Pénélope et François Fillon, la réalité du travail effectué dans chaque fonction va aussi être passée au tamis, même si, à ce stade, personne n'a avancé publiquement que Caroline Magne n'aurait pas rempli ses fonctions dans les différents emplois occupés.
Le fait d'employer un membre de sa famille comme assistant parlementaire est désormais interdit mais seulement depuis juillet 2017, dans le sillage de l'affaire Fillon.
Eric Ciotti avait dénoncé en novembre une "manœuvre grossière" suite à la parution de l'article du Canard enchaîné et affirmé dans un communiqué que l'emploi de son ex-épouse comme collaboratrice parlementaire était exercé "à temps partiel et dans le strict respect des lois et des règlements". Le patron des Républicains avait indiqué - avec une pointilleuse précision - que son ex-épouse travaillait pour lui comme député "5h25 par semaine" et que le cumul de ses emplois n'avait jamais excédé "44 heures par semaine" soit le maximum théorique légal.
Contacté par RTL l'entourage d'Eric Ciotti a indiqué que ce dernier ne souhaitait faire aucun commentaire sur le déroulement de l'audition. Caroline Magne n'a pas pu être jointe.
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