Le 4 février à Marseille, un homme est mort tué de trois balles dans la tête. Il avait 70 ans, on le surnommait "Gros Dédé" et c'était une figure du milieu mafieux marseillais.
Certains hommes semblent doués pour le mensonge et la violence, c'était le cas d'André Cermollace. "Gros Dédé" portait très bien son surnom, deux petits yeux noirs vissés sur un corps énorme, tellement massif qu'il en devenait menaçant. Il pouvait malgré tout vous séduire avec son humour. Ses meilleurs spectacles, depuis des décennies, il les donnait à la barre du tribunal.
On les retrouve en fouillant les archives de La Provence. En 2016, alors que le criminel est accusé d'avoir installé des machines à sous dans des bars marseillais, le juge s'étonne de voir autant de liquidités sur son compte bancaire : "On m'a fait des dons" répond Gros Dédé.
Quand on lui fait remarquer "Votre Garde-robe est bien luxueuse", "Gros Dédé" a réponse à tout. "Les Vêtements sont neufs, car je vais en prison, et à la sortie, je les retrouve neufs" affirmait-il. Lorsqu'on lui rappelle, justement, qu'il a écopé de 15 mois de prison pour proxénétisme, du tac au tac il rétorque : "J'en ai fait 18... donc j'ai 3 mois de crédit".
Lorsque André Cermollace est questionné sur des petits paquets qu'il a mentionnés dans des écoutes policières, il ne se laisse pas démonter. "On fait des parties de cartes, on mange des pieds-paquets, on joue au tiercé....", affirmait "Gros Dédé". Malgré les rires, André Cermolacce, c'est au total une trentaine de gardes à vue et huit condamnations.
On dit qu'avec son assassinat s'amène le crépuscule du milieu marseillais "à l'ancienne". "Gros Dédé" cumulait six ans ferme pour corruption de policier en 2000. Il avait été condamné plusieurs fois pour proxénétisme. Il est aussi soupçonné d'être le cerveau d'une attaque de fourgon blindé en 2013 avec un butin de 7 millions d'euros. Figurent aussi à son casier des affaires de blanchiment et une tentative d'extorsion sur un agent de joueurs de l'Olympique de Marseille.
"Gros Dédé" en était une figure, mais pas un parrain, même si ses amis de jeunesse s'appelaient Francis le Belge, Jacky le Mat ou Tony l'Anguille. Tous étaient truands à l'époque où les gangsters marseillais avaient soi-disant un code d'honneur. Mais déjà, il y a 20 ans, "Gros Dédé" avait échappé à un assassinat lorsque deux motards casqués avaient voulu l'abattre en plein centre-ville pendant qu'il était au volant. Il s'en était tiré par miracle sans une égratignure et avait détalé sans prévenir la police.
C'est aussi ça être un truand marseillais, vivre avec la peur, avec une cible dans le dos, changer de voiture de location pour tenter de passer inaperçu. Pour un bon mot au tribunal, combien d'ulcères à l'estomac ?
"Il a été abattu comme une vulgaire petite main de la cité" explique un policier au journal Le Parisien. L'ombre de la DZ Mafia plane, c'est elle qui prend le pouvoir sur la ville, c'est un changement d'époque. On est loin du Borsalino de Jacques Deray ou du Deuxième Souffle de Jean-Pierre Melville. Ce n'est pourtant pas du cinéma. Celui qui a assassiné "Gros Dédé" de trois balles en pleine tête s'est d'ailleurs enfui à bord d'une trottinette.
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