C'est un drame terrible qui réveille les critiques sur les pannes d'ascenseurs à répétition dans les quartiers populaires. Un retraité est mort début mai à Grigny, dans l'Essonne. Croyant monter dans la cabine lorsque les portes se sont ouvertes, il est en fait tombé dans la cage vide. Nous avons mené l'enquête, ses voisins estiment que cet accident aurait dû être évité.
Ce matin-là, un voisin est rentré chez lui avec ses courses et a tenté de prendre l'ascenseur au rez-de-chaussée. "J'ai appuyé, ça ne fonctionnait pas alors je l'ai ouvert. J'ai constaté que non seulement il n'y a pas de lumière en plus la cabine de l'ascenseur n'y était pas. J'ai failli faire un faux pas", nous raconte-t-il. L'appareil était en maintenance. L'habitant a alors croisé le technicien dans les étages. "Il a ouvert et a constaté que ça ne marchait pas, mais il a dit qu'il allait voir", dit-il.
12 étages plus haut, quelques heures plus tard, un résident de 79 ans a chuté mortellement dans la cage d'ascenseur. Sans nouvelles de lui, inquiète, sa fille appelle alors Habiba la présidente du conseil syndical. "Elle m'a appelé en catastrophe et m'a demandé d'aller voir. Au 14ᵉ étage, j'ai vu la cabine qui était là. Donc j'ai essayé de taper, personne ne répondait", raconte Habiba qui a appelé le retraité sur son téléphone. "Finalement, le téléphone a sonné, on entendait à peine la sonnerie et là, ça a été le drame parce que pour nous, c'était un vrai choc. On a compris que c'était fini", dit-elle.
Deux semaines après ce drame, l'enquête est toujours en cours. Elle doit déterminer la responsabilité de la société de maintenance mais également les dysfonctionnements éventuels du système de sécurité. Un technicien était sur place ce jour-là. "On ne peut pas permettre à une personne de tomber en ouvrant la porte d'une cabine. Une plainte pour homicide involontaire a été déposée", nous dit Yassine Bouzrou, l'avocat de la famille de la victime.
Aujourd'hui, les deux ascenseurs de la résidence ne fonctionnent toujours pas. Les habitants dénoncent les pannes et les problèmes récurrents. Jeannette est obligée d'emprunter les escaliers. "Ça fait depuis 2019 qu'on souffre dans les escaliers. J'ai des problèmes de cœur. Il y a des étages où l'ascenseur n'ouvre pas la porte", dit-elle. Sollicitée par RTL, Otis, l'entreprise de maintenance, affirme collaborer activement avec la justice, mais n'a pas souhaité répondre à nos questions.