Le 19 août 2010, un corbeau alerte la direction du constructeur Renault de malversations financières impliquant certains cadres. Ces derniers vendraient au plus offrant des informations sensibles. Une enquête interne et confidentielle est ouverte.
Le nom de Michel Balthazard, surnommé le "roi mage", arrive sur la table de Dominique Gevrey et Marc Tixador, deux enquêteurs privés. Ils découvrent que Balthazard a un compte ouvert au Liechtenstein. Deux autres cadres corrompus sont identifiés : Bertrand Rochette, l'adjoint de Balthazard, surnommé "Saint-Pierre", et Matthieu Tenenbaum, appelé le "Père Noël". L’enquête secrète va être baptisée "dossier Galilée".
Bien qu’il n’ait aucune preuve, le corbeau confie qu’une banque chinoise verserait, à travers des sociétés-écrans, des sommes astronomiques aux cadres de Renault, en échange d'informations industrielles sur le groupe. "Ghosn préfère mener l’enquête lui-même, car il ne veut pas que ça sorte", explique Matthieu Suc, journaliste et invité de L'Heure du Crime.
Cinq mois plus tard, les trois cadres sont convoqués par la direction, mais nient en bloc. Bien qu’il n’y ait aucune preuve, le PDG de Renault préfère les licencier. Il dépose plainte pour "livraison d'informations à une puissance étrangère."
Les avocats de Bathazard et de Tenenbaum portent plainte de leur côté pour "dénonciation calomnieuse". L’ex DGSI est chargée d'éclaircir cette affaire, mais Gevrey refuse de révéler aux policiers sa source d’informations. Renault réalise que les documents bancaires présentés par l’enquêteur privé ont été sans doute fabriqués de toute pièce pour récupérer l’argent du groupe.
Incarcéré depuis mars 2011, Dominique Gevrey révèle enfin sa source, il s’agit de Pascal Baudrey, un adjudant de l’armée belge. Interrogé, ce dernier nie toute implication dans cette affaire. Le juge le libère. Invitée de L'Heure du Crime, l'avocate de Marc Tixador ajoute ", c’est Gevrey qui propose d’actionner sa source au groupe et il est le seul possédant un compte à l’étranger."
Plus de treize ans après les dénonciations, un procès a enfin lieu. Du 17 au 26 janvier 2024, quatre personnes vont comparaître devant le tribunal correctionnel pour association de malfaiteurs en vue d'escroquerie ou violation du secret. Parmi elles, le duo de la sécurité de Renault, Dominique Gevrey, et Marc Tixador.
Indemnisés par l'entreprise quelques années avant, deux des trois cadres accusés à tort d'espionnage, Michel Balthazard et Matthieu Tenenbaum, seront sur le banc des parties civiles.
- Matthieu Suc, journaliste à Médiapart. Auteur du livre, Renault, nid d’espions, paru aux éditions Harper Collins.
- Me Fanny Colin, avocate au barreau de Paris et avocate de Marc Tixador.
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