"Être reconnue comme victime et aider d'autres femmes" : pourquoi Lydia Hadjara porte plainte contre Raël et deux disciples du mouvement

Une grande étape. Sur RTL, Lydia Hadjara annonce ce mercredi 12 novembre qu'elle va porter plainte pour la première fois contre Claude Vorilhon, dit Raël, et deux autres membres du mouvement créé dans les années 1970 et à laquelle elle a appartenu pendant 21 ans. Après la parution de son livre-témoignage J'étais son esclave (City éditions) en janvier 2025, celle affirme avoir été l'esclave sexuelle de ce mouvement s'apprête à intenter une action en justice pour la première fois.

Une plainte avec constitution de partie civile  pour des faits de "viols", "agressions sexuelles" et "corruption de mineurs" dans le cadre d'une emprise sectaire va être adressée mercredi par son avocate.

"J'en ai marre. Je veux maintenant faire reconnaître ma voix et puis je veux surtout aider d'autres gens en fait. Non seulement moi être reconnue comme victime et puis aider d'autres femmes et dire qu'on peut s'en sortir", explique-t-elle sur RTL, consciente que les faits sont prescrits.

La plaignante raconte "l'enfer" vécu

"Même si c'est prescrit, il faut que les autres gens, les autres femmes, voient quelqu'un qui soit capable... Il faut dénoncer ce que fait ce monsieur et tous les gens de cette secte", ajoute-t-elle.

À écouter aussi

Les invités de RTL

Procès de Cédric Jubillar : "L'accusé est quelqu'un d'extrêmement violent", raconte l'avocat des proches de Delphine

10/10/2025 à 20:24 - 05m03s

Introduite par sa mère, qui témoigne désormais contre elle, dans le mouvement raëlien à ses 4 ans, Lydia Hadjara raconte avoir vécu "l'enfer". "Très rapidement, je suis confrontée à des images et à des choses qu'une enfant ne devrait pas voir, à des attouchements. Quand j'ai 9 ans, Raël me fait comprendre qu'on se reverra quand je serai plus grande et effectivement, il avait raison. Quand j'ai été plus grande, on s'est bien revus", confie-t-elle au micro de Marc-Olivier Fogiel.

Sur le moment, je ne pensais pas être une esclave

Lydia Hadjara sur RTL

À ses 18 ans et alors qu'elle est considérée comme une paria par le mouvement en raison d'un premier procès dans lequel elle a pourtant témoigné à contre cœur, Raël fait de Lydia Hadjara son esclave sexuelle. "Il me propose d'être une élue, c'est-à-dire que j'ai le droit d'avoir des rapports intimes qu'avec lui et les extraterrestres quand ils viendront sur Terre. Je passe la première nuit avec lui et c'est compliqué parce qu'il a besoin de voir ma dévotion et il fait des choses qui ne sont pas très gentilles. Mais je suis contente à l'époque de le faire", se livre-t-elle.

Sa plainte fait état de tortures sexuelles : "On m'a inséré des choses dans l'intérieur de mon corps, et puis on m'a fait faire des choses aussi avec des animaux", précise la plaignante, sobrement. Elle avait d'ailleurs "signé un contrat" lui interdisant de dire "ce qui se passait dans l'intimité".

Raël poursuit en justice Lydia Hadjara

"Sur le moment, je ne pensais pas être une esclave. Au contraire, je faisais du bien pour l’humanité", rejoue celle dont le calvaire a commencé à ses 13 ans, lorsqu'un membre de la secte lui a imposé une fellation, avant d'être violée deux ans plus tard par une autre personne "choisie" par Raël. "N'idolâtrez personne", alerte désormais cette femme de 43 ans, estimant à 120.000 le nombre de personnes activement liée au mouvement aujourd'hui.

Depuis la publication de son livre, Raël a lancé deux procédures à son encontre : l'une pour "injures" en raison d'une interview sur Canal+ dans laquelle Lydia Hadjara le comparait à Hitler, l'autre pour "diffamation" en raison des accusations portés par la femme dans son ouvrage. Si elle a été relaxée dans la première en septembre 2025, une audience se tiendra le 28 mars 2026 dans l'autre affaire.

Un appel à témoins a été lancé par l'avocate de Lydia Hadjara pour récolter des témoignages à l'adresse suivante : appelatemoin@mrlp-avocats.fr