C'est un acquittement retentissant. Bagui, le frère d'Adama Traoré, a été acquitté par la cour d'assises du Val-d'Oise ce vendredi 9 juillet lors du procès des émeutes consécutives à la mort d'Adama Traoré. La cour a d'ailleurs fustigé la tenue de l'enquête qui l'a incriminé :"la justice ne peut pas se passer de preuves, or c'est ce qu'il s'est passé dans le cas de Bagui Traoré", a déclaré le président de la cour Marc Trévidic en lisant la motivation du verdict, prononcé après une trentaine d'heures de délibération dans ce dossier "hors normes" aux 13.000 pièces cotées et quelque 90 parties civiles.
L'ancien juge antiterroriste a eu des mots particulièrement durs pour l'enquête qui a désigné Bagui Traoré comme tireur ou donneur d'ordres lors des émeutes et a abouti, au terme de cinq ans de procédure, à son renvoi devant les assises "personne, ni dans la procédure ni à l'audience, n'a indiqué l'avoir vu tirer sur des forces de l'ordre ou même s'être tenu à proximité d'un tireur. De même, personne ne l'a entendu donner des consignes ou avoir fourni une arme à feu", a détaillé le président de la cour.
Outre Bagui Traoré, son ex-compagne et un homme accusé d'avoir été l'un des tireurs ont été acquittés. En revanche, la cour a déclaré deux hommes coupables d'avoir été auteurs de tirs et les a condamnés respectivement à douze ans de réclusion criminelle et huit ans d'emprisonnement dont un an avec sursis pour tentatives de meurtre sur des gendarmes.
À l'annonce de l'acquittement de Bagui Traoré des applaudissements et des vivats de ses soutiens ont éclaté dans une des grandes tentes de retransmission, installée dans le hall du tribunal. Une partie des dizaines de gendarmes parties civiles étaient venus en uniforme, dans la salle, assister au prononcé du verdict. Eux qui, au cours du procès, avaient défilé à la barre pour raconter le chaos et la tension extrême de ces nuits d'émeutes où leur hiérarchie a refusé l'utilisation d'armes létales pour riposter aux tirs, en dépit du danger.
Détenu depuis quatre ans et demi, notamment en raison d'autres condamnations, le "jumeau" de cœur d'Adama avait toujours clamé son innocence Dans ses plaidoiries mercredi, la défense de Bagui Traoré a pour sa part fustigé un "naufrage" de l'institution judiciaire et accusé les enquêteurs de l'avoir ciblé pour "faire diversion" à la mort de son frère Adama. Un drame toujours en cours d'instruction et dont l'ombre a hanté tout le procès.
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