Trois jours après l'attaque qui a coûté la vie au jeune Thomas, tué d'un coup de couteau lors d'une fête communale dans la Drôme, neuf suspects ont été arrêtés près de Toulouse. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a une nouvelle fois parlé d'un "phénomène d'ensauvagement" pour qualifier le drame. La question n’est pas de savoir s’il a raison, la question est de savoir : qu’est-ce qu’on fait ? Que met-on derrière ces mots ?
Il y a six mois, Emmanuel Macron parlait de "décivilisation". Il y a trois ans, Xavier Bertrand parlait de la "France Orange mécanique", une référence au film ultra-violent de Stanley Kubrick et au livre de l’essayiste Laurent Obertone. Ce dernier montrait, à partir des articles de la presse régionale, l’aggravation de la violence sur la décennie 2000-2010. C’est l’époque où Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, voulait nous "débarrasser de la racaille", en 2005. Et c’était tout juste après la sortie de Jean-Pierre Chevènement contre ceux qu’ils désignaient comme des "sauvageons", ces délinquants multirécidivistes en 1999. C’était il y a 24 ans.
La violence est montée de plusieurs crans. Attention, il y a toujours eu de la violence, je ne suis pas en train de dire que tout allait bien avant. Mais aujourd’hui il n’y a plus aucun tabou et les vannes sont grandes ouvertes. Aujourd’hui, on vient en découdre avec des couteaux dans une fête de village, aujourd’hui on s’attaque à un commissariat avec des engins de guerre, aujourd’hui, on tire sur un lycée à Lyon avec des mortiers d’artifice.
On a affaire à des délinquants sans foi ni loi, qui se croient tout permis, qui n’ont aucun respect pour l’autorité, aucun respect pour rien et qui ont un sentiment d’impunité totale. Aujourd’hui, tout ce qui se passe en virtuel, que ce soit dans les jeux vidéo ou sur les réseaux sociaux comme TikTok, devient réalité chez ces gens-là. Mais c’est la société toute entière qui est secouée. Vous avez vu l’attitude des gens sur la route ? Vous avez entendu comment les gens se parlent ?
Regardez ce qui s’est passé dans le Val-de-Marne vendredi dernier. Pour une camionnette mal garée, la situation s’envenime, le voisin traite les jardiniers de "sales bougnoules" et va jusqu’à blesser l’un d’eux avec un cutter au cou, lui faisant une balafre de 15 cm. Cette agression raciste n’est pas non plus tolérable.
Il faut se donner les moyens de ne plus rien laisser passer : aucune excuse, aucune circonstance. Il faut punir le moindre délit, car le rappel à la loi fait rigoler tout le monde. C’est sans doute plus facile à dire qu’à faire, mais on ne peut pas continuer comme ça. On ne peut pas à chaque fois venir faire état de l’"ensauvagement", de la "décivilisation" de notre société. "Mal nommer les choses c’est ajouter du malheur au monde", disait Camus. Mais ne faire que nommer les choses, c’est être renvoyé à son impuissance.
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