ÉDITO - Depardieu : "Quand on incarne la justice, on n'est pas obligé d'adopter des manières de voyou", souligne Isabelle Saporta

"Menteuses, hystériques, allez pleurer !". Voilà comment l'avocat de Gérard Depardieu, Jérémie Assous, s'est adressé aux plaignantes durant le procès. Je le cite encore : "Votre trauma, quand bien même l'agression aurait bien eu lieu, il est relatif, c'est pas Guy Georges". Faisant référence au tueur de l'est parisien reconnu coupable de viol et de meurtre. 

Ou bien, je le cite encore : "On ne vous croit pas ! Pour moi, vous êtes bel et bien quelqu'un qui ment !". Quand il s'adresse aux avocates de la défense, il est au moins aussi virulent : "Arrêtez de le cuisiner comme ça, vous êtes abjectes et stupides". Ou encore : "C'est insupportable de vous entendre, déjà votre voix, c'est dur". Quand il se réfère aux féministes, voici en quels termes il les décrit, je le cite encore : "Des demi-décérébrées" ou "des agitées du bocal". 

Ça n'est déjà pas chose aisée d'oser affronter un monstre sacré comme peut l'être le comédien Gérard Depardieu. Était-il nécessaire d'y ajouter les insultes, le mépris et la condescendance de son avocat ? Pourquoi cette violence ? Parce que ce sont des femmes ? La dixième chambre correctionnelle a reconnu ce préjudice causé par la défense de l'avocat de Gérard Depardieu et l'a condamné à 1.000 euros supplémentaires par plaignante.

Quand on incarne la justice, on n'est pas obligé d'adopter des manières de voyou

Isabelle Saporta

S'est-il excusé l'avocat de Gérard Depardieu pour ses insultes, ce mépris ? S'est-il dit que quand on incarne la justice, on n'est pas obligé d'adopter des manières de voyou ? Bien sûr que non, il s'est plaint. Selon lui, dans les affaires d'agression sexuelle, je le cite toujours, "la défense dans ce type d'accusation ne serait plus acceptée". 

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Qu'est-ce qui vous gêne, monsieur l'avocat ? Que la parole des femmes soit entendue, qu'on ne puisse plus les tripoter comme au bon vieux temps, qu'on ne puisse plus les insulter, ni leur faire baisser les yeux en sous-entendant qu'elles l'ont bien cherché. Ben oui, cher maître, quels que soient vos cris d'orfraie, c'est fini tout ça et c'est bien heureux.

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