DOCUMENT RTL - Policiers tués à Roubaix : "La reconstruction doit passer par la justice", pour la mère d'une des victimes

Il y a un an et demi, trois jeunes policiers trouvaient la mort en pleine intervention, percutés par un automobiliste sous l'emprise de l'alcool et du cannabis qui roulait à contre-sens. RTL a pu recueillir le témoignage poignant d'Isabelle Raux, la maman d'une des victimes, qui milite pour l'inscription de l'homicide routier dans le code pénal.

Isabelle Raux et Marilou Dausser, maman et compagne de Manon, tuée avec ses collègues policiers sur la route

Crédit : Franck Antson/RTL

RTL ÉVÉNEMENT - La maman de la policière tuée par un chauffard témoigne

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DOCUMENT RTL - Policiers tués dans le Nord : "Un chauffard a brisé leurs rêves", dénonce un de leurs collègues

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Le 21 mai 2023, trois jeunes policiers du commissariat de Roubaix, Manon, Paul et Steven, ont été tués par un chauffard qui avait consommé de l'alcool et du cannabis. Ils transportaient une jeune femme à l'hôpital quand l'accident s'est produit. Ce drame avait ému la France entière, ils avaient tous moins de 25 ans.

"C'était un dimanche matin, donc encore dans le lit, quand on a sonné à la porte de manière assez vive, et j'ai vu le maire. J'ai tout de suite compris qu'il y avait quelque chose de grave. Donc quand j'ai réussi à les faire entrer, le maire avait les yeux très rouges. Il y a le cerveau qui se bloque et vous attendez la nouvelle et vous savez que ça va être terrible et que le cauchemar va commencer", explique Isabelle Raux, la maman de Manon.

"On nous explique que c'est un accident de la circulation. On nous dit que le choc a été très, très violent, qu'elle est morte sur le coup, qu'elle était avec des collègues dans le cadre d'une mission, que les collègues sont également décédés", raconte-t-elle.

"Vous prenez un mur, donc vous essayez de maintenir une certaine attention à ce qu'on vous dit, mais c'est très, très compliqué. Et quand on vous dit qu'il va y avoir un hommage national, vous vous raccrochez à ça parce que symboliquement, vous essayez de mettre du sens à quelque chose qui n'a pas de sens", confie Isabelle Raux.

Si on veut être très précis, je ne sais aujourd'hui pas de quoi est décédée ma fille parce qu'on n'a pas eu accès à l'expertise médicale.

Isabelle Raux

Le chauffard qui a roulait à contre-sens est décédé mais son passager, lui, est bien vivant. L'enquête a notamment démontré qu'il avait une part active dans l'accident. Il a pris des photos du compteur en plein excès de vitesse par exemple. Isabelle Raux dénonce le silence de la justice.

"Vis-à-vis du chauffeur, il n'y aura pas de procès puisqu'il est décédé. On a été assez heurtés par des éléments portés à notre connaissance sur l'attitude du passager avant, pendant et après le drame. Et donc, on se pose énormément de questions sur sa part active par rapport à ce drame. Il y a des points d'ombre. On ne comprend pas qu'il n'ait pas été entendu en tant que complice plutôt qu'en tant que témoin", s'indigne-t-elle.

"Vous ne pouvez pas imaginer l'état des familles. Il m'a été posé comme question il n'y a pas longtemps de quoi était décédée Manon. Si on veut être très précis, je ne sais aujourd'hui pas de quoi est décédée ma fille parce qu'on n'a pas eu accès à l'expertise médicale", ajoute-t-elle.

Involontaire, c'est juste inacceptable parce que lorsqu'on prend des stupéfiants, quand on prend de l'alcool, on le fait volontairement.

Isabelle Raux

Jeudi 31 octobre s'ouvre le procès du chauffard qui a tué le fils de Yannick Alléno. La mère de Manon fait partie de l'association fondée par le chef cuisinier, l'association Antoine Alléno qui agit pour "prévenir les actes de violence contre les jeunes et venir en aide aux familles des victimes de moins de 25 ans".

Isabelle Raux milite également pour que ces drames soient qualifiés d'homicides routiers et non plus d'homicides involontaires. "Involontaire, c'est juste inacceptable parce que lorsqu'on prend des stupéfiants, quand on prend de l'alcool, on le fait volontairement. Il n'y a personne qui vous impose de prendre de l'alcool ou des stupéfiants", explique-t-elle avec colère.

Elle espère la tenue d'un procès. "Même si on n'est pas décédé dans les faits, on est brisé. La reconstruction, elle doit passer par la justice. On parle souvent de courage, mais je pense que derrière le courage, il y a surtout Manon. En tant que maman, c'est elle qui me porte. Je lui ai demandé au funérarium de me donner la force. Je ne lâcherai pas. Je veux qu'elle puisse continuer à exister, continuer à la faire exister, c'est continuer à faire parler d'elle", confie-t-elle.

"Je suis fière de ma fille, de l'engagement qu'elle avait, des valeurs qu'elle portait. Il faut vraiment se souvenir que derrière chaque uniforme, il y a des familles et il y a des gens qui ont choisi un métier mal perçu par la majorité de la population, qui est difficile. Chaque jour, il y a des enjeux très importants. Ce sont les garants de notre liberté et ce sont les garants de notre sécurité", martèle-t-elle.

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