Disparition de sœur Gabrielle : pourquoi le chanoine était-il suspect ?

C'était une originale. L'esprit ouvert doté d'un naturel curieux, Germaine Robberechts, alias sœur Gabrielle, détonne parmi les reste des religieuses à cause de sa personnalité moderne. Elle joue de l'accordéon, est diplômée en art plastique et reste la seule détentrice du permis de conduire dans la communauté. C'est un visage bien connu du couvent des Saints-Vincent-et-Paul, à Termonde, en Flandre-Orientale.

Lorsque sœur Gabrielle disparaît en mars 1982, la police se heurte au mur du silence. La direction du couvent sous la coupe du chanoine, Gaston Mornie, ne dévoile aucune information, ni explication, fermant les portes de l'établissement aux autorités. Réputé d'homme arrogant, il aurait profité de la bonté de sœur Gabrielle pour le conduire au volant de sa Peugeot 504 à des rendez-vous qu'il qualifiait de religieux. 

Si la religieuse emmenait de bon cœur Gaston Mornie, les véritables agissements du chanoine restaient mystérieux. Elle n'était pas autorisée à l'accompagner, restait en retrait et devait l'attendre pendant plusieurs heures. 

Ce n'était pas vraiment le prêtre que tout le pensais

Philip Heymans, journaliste pour la VRT

Interviewé dans L'Heure du crime, Philip Heymans, journaliste pour la VRT, l'Organisme de la radiodiffusion flamande, revient sur ce mystère : "Des rumeurs disent que Gabrielle aurait découvert que Gaston Mornie avait une vie sexuelle très active. On parle de bars pour des hommes homosexuels, des fêtes privées où ils se passaient des choses qui ne conviennent pas vraiment pour un prêtre". 

Sœur Gabrielle était réputée pour sa bonté mais aussi pour sa franchise. Ce trait de caractère lui aurait-il causé malheur ? L'omerta règne dans les murs de l'établissement. Elle essaye de raisonner celui qui est son supérieur.

Des lettres anonymes

"Elle lui écrit des lettres anonymes qu'elle met dans sa chambre. Gabrielle avait toutes les clés du couvent donc elle pouvait entrer partout. Des gens ont témoigné qu'elle espionnait un peu Monsieur Mornie. Elle entrait dans sa maison sans qu'il le sache pour chercher dans ses papiers. Elle mettait sur son lit des messages comme quoi il fallait qu'il arrête, 'que ce ne sont pas des choses qu'un prête devait faire et si vous n'arrêtez pas, je vais voir l'évêque et je parlerais de vous'", explique  Philip Heymans au micro de RTL. 

Un an et demi après la disparition, l'autorité religieuse adresse un courrier à la famille affirmant que Gabrielle aurait quitté de son plein gré, sans raison et sans autorisation le couvent. La famille réfute la théorie de la fuite et reste persuadée que la sœur Gabrielle a été victime d'une agression. 

Il faudra attendre 8 ans pour que le dossier de Gabrielle soit rouvert. Sa disparition est assimilée à des affaires de drogues et de viols dans lesquelles un certain Gaston Mornie y est inculpé. Manque de preuves, le suspect est relâché.

Les invités de "L'heure du crime"

-  Philip Heymans, journaliste pour la VRT.
- Chantal Lanssens, avocate générale auprès de la Cour d’appel de Gand, chargée des disparitions mystérieuses.

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