Disparition de Michèle Gaborieau : comment sa fille Céline mène sa propre enquête depuis 25 ans

10 juin 1999, dans le 13e arrondissement de Paris. Ce jour-là, Michèle Gaborieau, 56 ans, ex-salariée d'Air France, dîne au restaurant avec son mari Jean-Michel. Le lendemain, la quinquagénaire, attendue pour déjeuner avec une ancienne collègue, ne se présente pas à son rendez-vous. Le jour-même, Céline Gaborieau reçoit un appel de son son père.

Ce dernier s'agace car c'est sa femme qui est censée lui donner un coup de main à la boutique qu'il tient, une maison de la presse, rue Léon Maurice-Nordmann (XIIIe arr. Paris). Céline et sa tante Chantal se rendent au commissariat, mais la police ne juge pas la disparition assez inquiétante pour prendre une plainte. Toutes deux collent des affiches près des lieux de sa disparition. Une mécanique de recherche qui semble déranger Jean-Michel.

"Pour lui, c'est honteux : il dit que cela risque de faire 'mauvais effet' vis-à-vis des clients, alors que ce n'est pas le sujet, qui est de retrouver maman et maximiser les chances de savoir ce qui s'est passé, et où elle est", raconte Céline Gaborieau pour Les Voix du crime. Le 14 juin 1999, trois jours après la disparition de Michèle Gaborieau, les services d'enquête rendent un certificat de vaine de recherche. Et toujours aucune trace de la jeune retraitée.

Maman s'est révélée être une mère avant d'être une épouse, et Jean-Michel ne s'est pas révélé être un père, mais plutôt un amant, volage.

Céline, fille de Michèle Gaborieau

Avant ce soir de juin 1999, la vie du couple entre Michèle et Jean-Michel Gaborieau n'est pas au beau fixe, et ce, dès l'arrivée de leurs deux premiers enfants. "Maman s'est révélée être une mère avant d'être une épouse, et Jean-Michel ne s'est pas révélé être un père, mais un amant plutôt volage. Au fur et à mesure, ils se sont éloignés et le couple s'est déchiré", explique Céline Gaborieau.

D'un côté, Michèle, une "mère aimante" authentique, et de l'autre, Jean-Michel, un homme à la personnalité trouble, et attiré par l'argent. Le jour la disparition, deux chèques de plusieurs milliers de francs ayant pour bénéficiaire Jean-Michel Gaborieau sont déposés. À la fin de l'année 1999, ce dernier décide de mettre sa fille à la porte. Elle, vient de décider de faire nommer un tuteur pour protéger les biens de Michèle Gaborieau.

Au même moment, Céline choisit de faire appel au cabinet de détective privé Duluc et mène sa propre enquête sur son père, un homme intrigant. Et les rapports à son encontre sont édifiants. "Il fréquenterait des tripots, des personnes avec des casiers judiciaires fournis. Il y aurait des trafics, des jeux d'argent, des rapports avec des filles... Des choses très malsaines", confie Céline Gaborieau.

Malgré son état de faiblesse, j'avais toujours la peur qu'il ressuscite, et d'un autre côté, qu'il nous dise la vérité.

Céline, fille de Michèle Gaborieau

En janvier 2001, un an et demi après la disparition de sa mère Michèle, Céline Gaborieau dépose plainte contre X pour "enlèvement et séquestration". À ce moment-là, en mauvais termes avec son père Jean-Michel, la jeune femme tente toujours de résoudre l'énigme de cette disparition, épaulée par son tuteur. Deux ans plus tard, en 2003, une ordonnance de non-lieu est prononcée par la juge d'instruction sur l'affaire.

"C'est un sentiment d'inachevé, parce qu'on commençait tout juste à explorer des pistes. Certaines personnes, qui auraient dû être interrogées dès le départ ont été convoquées, mais ne se sont pas présentées", déplore Céline Gaborieau. Au décès de son père Jean-Michel Gaborieau en 2010, Céline confie : "Malgré son état de faiblesse, j'avais toujours la peur qu'il ressuscite, et d'un autre côté, qu'il nous dise la vérité".

En 2024, Céline Gaborieau a déposé une nouvelle plainte auprès du parquet de Nanterre et de son pôle cold case. Une plainte contre X pour "enlèvement et séquestration". La quadragénaire, conseillée par son avocate Me El Haïté, et le criminaliste Roger Marc-Moreau espère toujours la vérité, et savoir ce qui s'est passé ce soir de juin 1999.

 >> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.


Deux fois par mois, l'une de ces Voix du crime nous raconte son point de vue sur une affaire criminelle. Un podcast RTL.

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