À Paris, la préfecture de police veut à nouveau déplacer les consommateurs de crack. Après Stalingrad, après le jardin d'Éole, ça fait maintenant 4 mois qu'ils ont été transférés dans le Nord de la capitale à la limite avec la ville de Pantin. La préfecture souhaite désormais les installer dans le XIIe arrondissement.
Ce nouveau lieu pour les consommateurs de crack se situe à l'intersection de plusieurs voies ferrées désaffectées. Une friche où des grilles de protection pourraient être installées, mais pas de quoi rassurer les riverains, comme Karine, une mère de famille. qui se demande si elle va "devoir garder ses enfants à la maison, être obligée de les accompagner à chaque fois".
"C'est effectivement une grosse d'inquiétude. Personne ne veut avoir ce parcage à côté de chez lui. En plus (ces changements), ce n'est pas ce qui va arrêter les dealers et les gens qui sont en manque", affirme-t-elle, se demandant même après si elle ne va pas devoir quitter le quartier.
Ce n'est pas en créant ailleurs qu'on règle le problème
Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la ville de Paris
Des riverains qui n'étaient d'ailleurs, pas au courant que la préfecture avait choisi ce lieu, tout comme la mairie. La décision a été annoncée sans aucune concertation, ce qui provoque la colère du premier adjoint d'Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire, qui veut mettre "un coup d'arrêt à cette stratégie de déplacement de la scène de consommation", s'appuyant sur le témoignage d'experts : "Tous les professionnels disent que ce site n'a aucune chance de sédentariser les consommateurs de crack et on risque d'assister à nouveau à une dispersion. Il faut régler la situation du square à la Porte de la Vilette, mais ce n'est pas en créant ailleurs qu'on règle le problème", explique-t-il.
Les consommateurs de crack, au nombre d'une centaine sont toujours parqués dans un square au bord du périphérique. Mohammed, en ressort après être allé chercher sa dose et il se montre circonspect face à la décision de la préfecture. "Ce n'est pas en nous bougeant sans arrêt que cela va s'arrêter. Au contraire, ça s'empire. C'est pour cela que l'on demande de l'aide", explique-t-il avant d'interpeller directement la Maire de Paris, Anne Hidalgo. "À chaque fois, elle vient nous voir et nous fait des promesses, mais il n'y a rien. Moi je m'en fous de bouger, j'ai 50 ans, ça fait dix ans que je prends du crack, ce n'est pas une vie".
Leurs conditions de vie sont particulièrement difficiles. Les policiers interviennent régulièrement depuis lundi dernier pour nettoyer le campement, à part les urinoirs et quelques tentes de fortune. Toutes les installations en dur ont été rasées. Mais quelques instants plus tard, le square redevient une fourmilière.
Rani observe leur manège depuis le comptoir de son café. "Ils font le tour du quartier, ils enlèvent toutes les barrières pour reconstruire. Cela a duré plus de 4 ans sur Paris et ça continue toujours, le crack est toujours là. Se déplacer dans le XIIe arrondissement, moi je n'y crois pas", dit-il.
Depuis l'arrivée des toxicomanes il y a 4 mois, les violences se multiplient dans le quartier. Le chiffre d'affaires des commerçants s'est effondré. Une idée de ce qui menace les prochains voisins de ce campement du crack.
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.