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Coronavirus : cinq jeunes sans histoires jugés pour des tweets anti-asiatiques

Lors du reconfinement d'octobre, des dizaines de messages injurieux avaient afflué sur les réseaux pour stigmatiser la communauté asiatique en France.

Le logo du réseau social Twitter
Crédit : ALASTAIR PIKE / AFP
Benjamin Hue & AFP
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Ils rêvent de devenir magistrat ou policier, sont à Sciences Po ou en école d'ingénieur. Ces cinq jeunes bien sous tous rapports étaient pourtant mercredi devant un tribunal pour avoir appelé à la haine à l'encontre de la communauté asiatique sur Twitter, peu après l'annonce du reconfinement cet automne.

Ils ne nient pas les faits. Le 28 octobre 2020, alors que le président Emmanuel Macron annonçait un deuxième confinement, des messages de haine à l'encontre "des Chinois" et de la communauté asiatique en général se répandent sur Twitter.

Une enquête réclamée par le parquet permettra de lever l'anonymat de plusieurs comptes ayant publié des propos haineux dont celui des cinq prévenus. Quatre autres personnes, mineures au moment des fait, devront comparaître ultérieurement devant un tribunal adapté à leur âge.

Aucun des prévenus, âgés de 19 à 25 ans, n'a d'antécédents judiciaires. Seul l'un d'entre eux est assisté d'un avocat. 

"Dans la rue, je sais que des gens peuvent m'entendre"

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Les tweets incriminés sont lus à l'audience. Plusieurs sont terriblement injurieux. Tous visent la communauté chinoise accusée d'avoir un lien avec le coronavirus. Alexis D., 21 ans, étudiant dans une école d'ingénieur, explique son geste par la sensation "de ras-le-bol à cause de l'annonce du confinement".

"J'ai vu que d'autres personnes avaient ce genre de propos. J'ai suivi bêtement le mouvement sans réfléchir", explique-t-il. "Est-ce que vous auriez hurlé les mêmes propos dans la rue?", veut savoir l'un des assesseurs. "Non, parce que dans la rue je sais que des gens peuvent m'entendre et que je peux les blesser", répond le jeune homme en costume gris.

"Êtes-vous raciste monsieur?", lui demande une avocate des parties civiles. "Non! (...) Ce que j'ai écrit, je ne le pense pas réellement mais je comprends maintenant le caractère raciste derrière ces propos", dit-il.

Durant cette période, "nos familles avaient plus peur de se faire agresser dans la rue que du Covid", témoigne Jacques Hua, un commerçant parisien d'origine chinoise.

"J'ai oublié que ça pouvait être repris à une si grande échelle"

Imad R., 25 ans, un autre prévenu, tente maladroitement d'expliquer que son compte twitter était "humoristique". Le tweet incriminé, qu'il ne reconnait pas avoir écrit, appelait pourtant à "tabasser" les élèves étudiant le chinois. C'était "inadmissible", "c'est du racisme", admet-il aujourd'hui.

Le tweet de Dylan B., 19 ans, parlait "d'éteindre toute lumière d'espoir" dans les yeux des Chinois. "Je regrette. Je l'ai écrit sous le coup de la colère par rapport au coronavirus. Je n'ai pas eu conscience de mes propos", se défend-il.

L'avocate du MRAP, partie civile, intervient. "Si dans la phrase que vous avez postée on remplace "Chinois" par "Arabe" ou "Noir", qu'est-ce que ça vous fait?", veut-elle savoir. "C'est déjà arrivé, mais ça ne m'impacte pas, je m'aime comme je suis, ça me touche pas", répond le prévenu qui est Noir.

Ziad B., étudiant en 2e année à Sciences Po Paris sur le campus de Menton, est le seul prévenu assisté d'un avocat. Agé de 20 ans, il est bouleversé. Il est poursuivi pour avoir répondu, sur le mode de la surenchère, à un tweet qui appelait "à agresser chaque Chinois" croisé dans la rue.

Le jeune homme se confond en excuses. "J'ai mis une barrière entre le réel et le virtuel (...) J'ai oublié que ça pouvait être repris à une si grande échelle", analyse-t-il.

Un procès à valeur pédagogique

Les avocats des parties civiles réclament des dommages et intérêts pour les associations qu'ils représentent. Un seul avocat réclame de la prison. L'avocate du MRAP, Me Katloum Gachi déplore une "certaine lâcheté" du côté des prévenus. "On a le sentiment derrière son écran qu'on est dans une impunité totale", dit-elle.

Arié Alimi, avocat de la LDH, s'interroge sur ces "jeunes gens qui n'affichent pas de haine, ont conscience du caractère raciste des messages proférés".

La procureure qui fait partie du Pôle national de lutte contre la haine en ligne, crée récemment au sein du parquet de Paris, rappelle que "les mots qu'on emploie sur internet ne sont pas anodins" et ont "un impact". "Entre les mots et les actes, la frontière est poreuse et cet usage dévoyé des réseaux sociaux est dangereux", souligne-t-elle.

Mais elle veut croire à la "valeur pédagogique" de ce procès. Elle réclame pour les cinq prévenus "un stage de citoyenneté". Le jugement sera rendu le 26 mai.

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