Il s'agit d'un scandale qui éclabousse toute la profession. Environ 8.000 pharmaciens - soit près de 40% de la profession - ont accepté des cadeaux de la part des Laboratoires Urgo en échange d'abandon de remises sur leurs produits.
L'enquête a été révélée au grand jour par un enquêteur bourguignon de la répression des fraudes, après 18 mois d'investigation. Cité par l'AFP, l'organisme a ainsi estimé à plus de 55 millions d'euros les cadeaux offerts aux praticiens entre 2015 et 2021.
Selon le parquet de Dijon, ce système a "permis aux laboratoires de fidéliser une clientèle avec des marges commerciales plus conséquentes et aux professionnels de santé d'obtenir des avantages personnels". Ce qui contrevient à la loi dite "anti-cadeaux" adoptée en 1993.
"Il y a des frigos, des télés, des cafetières, des voyages, du champagne, plein de choses...", a expliqué à franceinfo Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine (USPO) et pharmacien à Plombières-lès-Dijon. "Les remises faisaient 200 euros, donc vous aviez droit à un objet de 200 euros". Certains pharmaciens auraient reçu jusqu'à 120.000 euros, mais beaucoup d'autres seulement quelques centaines.
Pour ces faits, Urgo vient d'être condamné à une amende de 1.125.000 euros, dont 625.000 euros avec sursis. La justice a également ordonné la confiscation de plus de cinq millions d'euros, qui avaient déjà été saisis au cours de l'enquête, a précisé le procureur de la République de Dijon, Olivier Caracotch. Par ailleurs, les pharmaciens ayant pris part à ce système encourent un an de prison et 75.000 euros d'amende. Les investigations sont toujours en cours.
Confrontées, les deux entreprises mises en cause ( Laboratoires Urgo et Laboratoires Urgo Healthcare) ont admis l'existence de ce système et ont "pris les dispositions nécessaires pour y mettre définitivement fin au cours de l'enquête", a indiqué le parquet de Dijon.
Les sociétés ont ainsi reconnu l'infraction et ont comparu vendredi 27 janvier à une audience consacrée à la reconnaissance préalable de culpabilité, à l'issue de laquelle elles ont accepté les peines proposées par le parquet de Dijon.
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