Après sept heures de délibéré, le Libano-Canadien Hassan Diab, unique accusé de l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic à Paris le 3 octobre 1980, a été condamné ce vendredi 21 avril 2023 à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d'assises spéciale qui le jugeait en son absence. L'homme, installé au Canada, n'a pas souhaité comparaître à son procès.
L'accusation avait requis cette peine maximale, la seule "envisageable" à l'encontre de l'universitaire de 69 ans, estimant qu'il était "sans aucun doute possible", l'auteur de cet attentat qui avait fait quatre morts et 46 blessés il y a près de 43 ans. Cet attentat antisémite fut le premier depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
"Cette procédure fut marquée par de longues périodes de flottement et de multiples rebonds judiciaire", rappelle le quotidien Libération. Il aura ainsi fallu un demi-siècle pour que la justice tranche dans un dossier sans ADN ni téléphonie. La justice a dû s'appuyer sur une enquête à l'ancienne.
Le dossier s'appuie essentiellement sur des renseignements, qui ont attribué dès les années 1980 l'attentat - qui n'a pas été revendiqué - au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS), un groupe dissident du FPLP. Après une longue mise en sommeil de l'instruction, de nouveaux renseignements désignaient en 1999 les membres présumés du commando, dont Hassan Diab comme celui ayant confectionné la bombe et l'ayant abandonné devant la synagogue.
De cet insaisissable accusé, dont la chaise est demeurée vide dans le prétoire, la cour n'aura vu que des photos en noir et banc à divers âges de sa vie, les confrontant avec les portraits-robots de l'homme qui avait acheté la moto utilisée pour l'attentat, dessinés par des témoins en 1980. Défense et accusation auront surtout bataillé autour d'une autre photographie, celle de piètre qualité du passeport d'Hassan Diab, au cœur de l'accusation.
Ce passeport, comportant à des dates entourant l'attentat des tampons d'entrée et de sortie d'Espagne, pays d'où serait parti le commando selon les renseignements, avait été saisi en 1981 à Rome sur un membre présumé du FPLP-OS. Son existence n'avait été révélée que dix-huit ans après les faits.
Pour le parquet national antiterroriste, cet "élément extrêmement incriminant" et les "alibis qui ne tiennent pas" d'Hassan Diab au sujet de son passeport ont "fini d'emporter la conviction de sa culpabilité."
La défense, de son côté, rétorque qu'"aucun élément matériel, aucune preuve" ne permet "d'affirmer" que l'ex-étudiant de sociologie se trouvait en France au moment des faits. Hassan Diab a toujours assuré qu'il passait alors ses examens à l'université de Beyrouth et ne pouvait avoir utilisé ce passeport, qu'il disait avoir perdu.
Après avoir auditionné d'anciens camarades de facultés ainsi que l'ex-compagne d'Hassan Diab, deux juges d'instruction avaient considéré comme "vraisemblable" sa présence au Liban lors de l'attentat et ordonné un non-lieu en janvier 2018. Remis en liberté, l'homme était reparti au Canada.
Cette décision, motivée par des "doutes" sur sa culpabilité et défendue à la barre de la cour d'assises spéciale par deux juges d'expérience, avait été infirmée trois ans plus tard par la cour d'appel, qui avait ordonné la tenue de ce procès.
Hassan Diab est désormais visé par un mandat d'arrêt mais il n'est pas sûr que son extradition soit pour bientôt tant le Canada a été échaudé par les revirements judiciaires de la France.
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