Affaire Jean-Christophe Piel : "C'est un homme que j'ai autant aimé que détesté", soutient son ex-femme, principale suspecte

Le 24 août 2021, un homme est retrouvé sans vie dans le jardin de sa maison, à Breuil-le-Vert (Oise). Il s'appelle Jean-Christophe Piel, plus connu comme étant le "kiné de Liancourt", ville où est située son cabinet, à quelques encablures de son domicile. Il vient d'être froidement abattu d'une balle dans la nuque alors qu'il coupait ses rosiers, juste avant de se rendre au travail.

Ce kinésithérapeute aimé de ses clients était en instance de divorce avec sa femme, Delphine Pinto, quadragénaire et mère de famille de cinq enfants. Les deux s'étaient rencontrés au sein du cabinet de Jean-Christophe en 2011. Ce dernier était alors chargé de s'occuper de Laurent, le fils handicapé de Delphine. 

Trois ans et demi avant sa mort, au début de l'année 2018, le kiné avait été placé en garde à vue par les gendarmes, accusé d'agressions sexuelles sur ses deux filles. Pour Enquêtes Criminelles, sa femme à l'origine de la plainte déposée à son encontre, a choisi de révéler sa version des faits. Peu de temps après cet entretien, elle a été mise en examen et placée en détention provisoire, accusée d'avoir commandité le meurtre de son ex-mari.

Je rentre à la maison et je vois Jean-Christophe dans la baignoire, nu, avec l’une de nos filles

Delphine Pinto

Les accusations de violences sexuelles qui reposent sur Jean-Christophe Piel font l'effet d'une bombe dans la famille. Et elles sont alarmantes. "Je rentre à la maison et je vois Jean-Christophe dans la baignoire, nu, avec l’une de nos filles en érection", déclare Delphine Pinto. À la fin de sa garde à vue, Piel est très vite placé sous contrôle judiciaire et chargé de se rendre tous les mardis et vendredis soirs aux bureaux de la gendarmerie locale.

Accusé d'agressions sexuelles, le praticien a interdiction de travailler avec des personnes mineures à son cabinet. Deux nouvelles plaintes sont déposées à son encontre : deux enfants de Delphine l'accusent également de viol. "Ce n'était plus un bain où il disait qu'il n'avait pas fait exprès. On parlait de viol, d'agressions sexuelles. C'est quelque chose dont on ne peut pas faire exprès ou semblant de ne pas savoir", raconte Delphine Pinto.

La quadragénaire révèle une personnalité troublante, derrière le sympathique kiné, se cache un homme sombre selon une première expertise psychiatrique. "Le problème avec Jean-Christophe, c'est qu'il pouvait être cet homme attentionné, serviable. On sentait que dans ses bras, rien ne pouvait nous arriver. Et il pouvait aussi être cet homme qui n'a pas ce qu'il veut, agressif", ajoute-t-elle. Les charges seront finalement abandonnées, faute de preuves incontestables. La veille de sa mort, Jean-Christophe venait d'apprendre qu'il n'était plus poursuivi.

Je n'ai pas eu envie de lui faire du mal, mais qu'il souffre.

Delphine Pinto

Compte tenu de ses éléments, Delphine Pinto attire tout de suite l'attention des enquêteurs : aurait-elle voulu se faire justice elle-même ? Après tout, selon des SMS interceptés par la gendarmerie, celle-ci avait promis à Jean-Christophe de faire de sa vie "un enfer" à la suite de sa demande de divorce. Elle, a toujours nié les faits.

À l'annonce du décès dans le journal Oise Hebdo, Delphine Pinto se souvient avoir été surprise puis, être restée de marbre. "Je ne veux pas dire que son décès ne me fait ni chaud ni froid, mais il me fait mal par rapport à mes enfants, non par rapport à ce qui lui est arrivé. Ça ne veut pas dire que je trouve ce qui lui est arrivé bien, mais que personne ne mérite une telle mort", explique Delphine Pinto.

En février 2022, la mère de famille, ainsi qu'un certain Bylell Hamrouni, son amant, et Yassine Zekri, l'ami de ce dernier, sont mis en examen pour "meurtre en bande organisée" puis placés en détention provisoire. À l'heure actuelle, Delphine Pinto est retenue en détention provisoire, dans l'attente de son procès qui devrait se tenir au cours de l'année 2025.

"On dit souvent qu'entre l'amour et la haine, il y a une très courte passerelle, et je pense vraiment que c'est le cas. Jean-Christophe, c'est un homme que j'ai autant aimé que détesté. Je n'ai pas eu envie de lui faire du mal, mais qu'il souffre. Ne pas forcément le tuer, mais l'envie de lui faire du mal... Mais peut-être aussi de le tuer", confiait Delphine Pinto à Enquêtes Criminelles, peu de temps avant son interpellation en 2022.

>> Enquêtes Criminelles, c'est le magazine des faits divers sur W9, présenté par Nathalie Renoux. C'est aussi un podcast. Chaque semaine, Jean-Marie Goix raconte une affaire emblématique qui fait ou qui a fait la une de l'actualité.

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