3 min de lecture

Affaire Ismaël Abdelkader : pourquoi le propriétaire du jardin où a été retrouvé son corps n'a jamais été entendu

PODCAST - Le 6 mai 2006, Ismaël Abdelkader disparaît. Pendant 6 ans, ses proches, sans nouvelle, mènent l'enquête. Jusqu'à ce jour de juillet 2012, lorsque le corps du jeune homme est découvert sans vie dans un jardin d'une propriété privée.

Ismaël Abdelkader

Crédit : Myriam Abdelkader

97. Affaire Ismaël Abdelkader (1/2) : de la disparition au cadavre dans un jardin, "un dossier qui dérange" ?

00:24:10

Je m'abonne à la newsletter « Infos »

Myriam Abdelkader se remémore douloureusement ce jour de juillet 2012. Le jour où le corps de son frère, Ismaël, 24 ans, a été retrouvé enterré dans un jardin de Pfetterhouse (Haut-Rhin). Le choc est immense : cela faisait 6 ans qu'elle le cherchait sans relâche. "Quand on a une personne qui disparaît dans une famille, on garde espoir. On ne s'attend pas à ce genre d'annonce", raconte Myriam dans Les Voix du Crime.

À la douleur se mêle l'incompréhension. Comment Ismaël s'est-il retrouvé là, et surtout, à qui appartient le jardin dans lequel son cadavre a été découvert ? "L'adjudant m'a dit qu'il n'avait pas beaucoup plus d'informations, que les jeunes qui avaient fait ça étaient des enfants de bonnes familles, qu'ils travaillaient tous en Suisse. Voilà, il me les a fait passer pour des gens extraordinaires, formidables", déplore-t-elle.

Trois personnes sont mises en cause dans cette affaire, dont un certain Émilien. Le jardin de la propriété privée dans lequel a été déterré Ismaël appartient au grand-père du suspect, un ancien gendarme, qui n'a jamais été auditionné dans ce dossier.

Comment un corps dans une brouette sous une bâche, à quelques mètres du salon, n'a pas été visible ?

Myriam Abdelkader

"Le grand-père, soi-disant, était malade à ce moment-là. Il n'a jamais été auditionné. Je lui avais demandé un certificat médical qui nous prouve qu'il était bien malade, qu'il n'est pas apte à parler, qui nous prouve son handicap à ce moment-là (...) Sa maison est petite, avec un tout petit bout de terrain. Alors comment un corps dans une brouette sous une bâche, à quelques mètres du salon, n'a pas été visible ? Comment ne pas sentir des odeurs de putréfaction d'un cadavre ? ", s'interroge toujours Myriam.

L'issue de la garde à vue des trois jeunes hommes impliqués dans ce dossier crée la stupeur. Tous ressortent sous le statut de témoins assistés, et non de mis en examen. "Émilien dit qu'Ismaël avait consommé des drogues et qu'au réveil, il avait de la bave aux lèvres et qu'il était pris de panique et qu'il ne savait pas quoi faire à ce moment-là et qu'il l'avait mis sous le lit pendant une dizaine de jours (...) Et je ne sais combien de temps après, ils ont décidé de l'enterrer dans le jardin", poursuit Myriam. Une version peu convaincante pour les proches du défunt. "Tous ont été couverts", s'indigne la sœur endeuillée.

En 2018, Émilien met fin à ses jours sans laisser aucune explication derrière lui. Son grand-père décède quelque temps après. Trois ans plus tôt, la juge d'instruction avait prononcé un non-lieu dans l'information judiciaire ouverte pour recel de cadavres. Pour les proches d'Ismaël, la vérité s'éloigne davantage jusqu'à ce que Myriam réussisse à faire ouvrir une nouvelle enquête. "Ma seule peur, c'est que tout ce petit monde parte, du moins meurt, avant que j'ai des réponses à mes questions", confie-t-elle.

La rédaction vous recommande