Le pain rend fou ! A l'été 1951, toute une ville, Pont-Saint-Esprit, dans le Gard, va sombrer dans la démence. Une population qui se met à divaguer, en proie à des hallucinations. Même des animaux n'échappent pas à ce syndrome inconnu. Sept personnes vont mourir des suites de ce qui s'apparente à une intoxication générale, et plus de 200 malades vont être recensés.
Tout commence le 16 août 1951, quand trois médecins de Pont-Saint-Esprit accueillent dans leurs salles d'attente respectives des patients atteints de symptômes identiques. Des femmes et des hommes, des enfants aussi, qui semblent atteints de troubles nerveux. Frissonnements, convulsions, vomissements et bouffées ardentes... Un malade affirme voir des chats rouges qui le poursuivent, un autre s'étouffe car sa bouche est pleine de serpent dit-il, un troisième suffoque à cause de plantes aux tentacules visqueuses imaginaires.
Il s'agit de toute évidence d'une intoxication généralisée dans cette cité qui compte 4.500 habitants. Le défilé dans les cabinets médicaux se fait de plus en plus important. Les cas s'aggravent, les crises de délire se multiplient, toujours plus spectaculaires. Vendredi 17 août, Mr Sauvet, garagiste, a une vision fantasmagorique. Il tombe sur Madame Lalande, morte depuis dix ans. Il avance et la gifle. La morte le frappe. Il veut la tuer. Le garagiste se réveille dans son lit, les draps déchirés. Les visions vont durer des jours...
Dimanche 19 août, vers 3h00 du matin, le docteur Albert Gabbaï est appelé en urgence à la ferme de Félix Mison, à six kilomètres de la ville. Ce dernier, après s'être tordu de douleur en hurlant, comme s'il avait le diable à l'intérieur, est désormais inerte, hébété, les yeux fixés au plafond. Félix Mison va décéder le lendemain. Il est le premier mort des suites de ce mal mystérieux.
Dans la même journée, les trois médecins sont
convoqués à l'Hôtel de Ville par le maire. Tous les docteurs sont d'accord : le pain est à l'origine de cette épidémie. Et plus précisément celui pétri et
cuit par le boulanger Roch Briand, installé dans la Grande Rue. Le maire fait
aussitôt fermer toutes les boulangeries de la cité, huit au total. Le
lendemain, 20 août, devant les boutiques aux rideaux tirés, la nouvelle se
répand, vite reprise par les journaux : c'est le pain qui rend fou, le pain du diable...
Au total, on compte déjà pas moins de 120 malades et la situation s'aggrave. Une
information judiciaire pour empoisonnement est ouverte. Une
perquisition est tout de suite organisée à la boulangerie de Roch
Briand. Félix Mison, le premier mort, avait consommé son pain. Le boulanger est entendu, et même soupçonné. On lui demande s'il en
voulait à quelqu'un. Sa femme, sa fille et son commis sont malades, mais pas
lui. Il dément tout geste criminel. Dans le fournil, la farine, des sacs et
des ustensiles sont saisis. Envoyés au laboratoire de la police scientifique à
Marseille...
Geste criminel ou simple accident ? La police et la justice vont être chargées d'éclaircir ce mystère. Le dossier reste ouvert pendant plus de vingt ans sans que l'on sache vraiment ce qui s'est passé.
Les pistes, pourtant, ne manquent pas : un parasite dans les céréales, des sacs souillés, un empoisonnement délibéré. Certains évoquent même la CIA américaine dans cette affaire. La petite ville française aurait tout simplement été choisie comme théâtre d'expérience pour une drogue nouvellement créée, le LSD. En 1965, la justice estime que la cause de l’affaire est une farine avariée. Mais plus de 70 ans après, le mystère demeure...
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