Il est l'homme qui a inspiré le personnage du docteur Richard Kimble dans la série et le film Le Fugitif. Dans la vraie vie, il était le docteur Sam Sheppard. Jamais en fuite, lui, mais accusé, à l'été 1954, du meurtre épouvantable de son épouse. Affaire qui va devenir l'archétype de l'erreur criminelle.
À l'époque, ce chirurgien de renom, playboy à la clientèle florissante, va ainsi se changer en suspect numéro un. Désigné par les enquêteurs et les journaux locaux comme le seul coupable possible de ce meurtre sauvage, il va être condamné à la perpétuité. La marche pour la réhabilitation sera longue.
"Il ne retrouvera jamais le prestige, l'adoubement, l'approbation du village. (...) On lui reproche d'avoir apporté la honte sur ce paradis de la classe aisée de Cleveland", précise Philippe Coste, journaliste, correspondant aux États-Unis pour plusieurs médias et invité de L'Heure du crime.
Au fil des années, des expertises et l'étude des taches de sang dans la maison vont livrer un tout autre scénario et désigner un autre suspect sur lequel on aurait trop vite fermé les yeux.
Le journal The Cleveland Press présente le mari comme l'unique suspect dans la mort de Marylin Sheppard. Le soir-même, le docteur est arrêté. Le 21 décembre 1954, les jurés condamnent Sam Sheppard à la prison à vie alors que le docteur maintient la version de l'agresseur extérieur.
Un mois après la condamnation, le professeur de criminologie Paul Leland Kirk, recruté par les avocats de Sam Sheppard, se rend à la maison de Bay Village. Il est là pour examiner les éclaboussures de sang sur les murs et le sol. "Le professeur Kirk va faire pleins de tests pour vérifier justement d'où pouvait provenir ce type de traces et pour en conclure qu'il ne s'agissait non pas d'un scalpel, mais d'un objet contondant", explique Céline Nicloux, morphoanalyste des traces de sang au sein de l’IRCGN et invitée de L'Heure du crime.
Il explique que le sang, détecté sur le mur de la chambre, ne correspond pas aux groupes sanguins du couple Sheppard. Il y avait donc une troisième personne dans la pièce. Cinq ans après la condamnation de Sam Sheppard, le nom de Richard Eberling, un laveur de carreaux, apparaît, mais il est rapidement écarté de la liste des suspects. Le docteur Sheppard est finalement acquitté en 1966 après son procès en appel.
Trente ans après la mort du neurochirurgien, l'ADN va parler à son tour. L'ADN d'Eberling matche en partie avec celui retrouvé sur la scène du crime, mais rien ne peut être conclu. Le fils du couple Sheppard continue, encore aujourd'hui, sa croisade pour la vérité et la réhabilitation de son père.
"C'est une affaire qui a marqué la morphoanalyse de traces de sang parce qu'à partir de là, des écoles de morphoanalyse se sont constituées aux États-Unis", conclut Céline Nicloux, morphoanalyste des traces de sang au sein de l’IRCGN et seule femme experte en morphoanalyse en France.
- Philippe Coste, journaliste et correspondant aux États-Unis pour plusieurs médias.
- Céline Nicloux, morphoanalyste des traces de sang au sein de l’IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale), seule femme experte en morphoanalyse en France et co-auteure avec Peggy Allimann du livre Crimes. Psychocriminologie et morphoanalyse des traces de sang, publié aux éditions Dark Side.
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