"La construction de la paix existe si vous ne laissez pas la Syrie aux mains d'un seul pouvoir : Bachar al-Assad, dont l'obsession aujourd'hui est de détruire une partie de son peuple". Ces mots sont signés Emmanuel Macron, qui a de grandes ambitions concernant la Syrie.
Lors de son entretien de plus de deux heures avec Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel, le 15 avril, la question des raids occidentaux sur un complexe d'armes chimiques près de Damas a été abordée. Après ces frappes punitives en réaction à l'utilisation d'armes chimiques contre la population civile de la Ghouta orientale, quel projet pour le pays divisé depuis 7 ans de guerre ? "Nous préparons aujourd'hui une solution politique dans la durée pour construire une solution politique inclusive", a répondu le chef de l'État.
Cette "solution politique inclusive" se traduit par des discussions avec les trois principaux acteurs présents sur le terrain : l'Iran, la Turquie et la Russie. Wassim Nasr, journaliste à France 24 et auteur de L'État islamique, le fait accompli, confirme à RTL.fr qu'il y a une réelle "entente sur le terrain" de ces trois pays "depuis mi-2016". Par ces frappes, "Paris espérait attirer les Turcs vers les Occidentaux pour ne pas perdre le dialogue avec Ankara", analyse à son tour la journaliste Ariane Bonzon, spécialiste de la Turquie, jointe par RTL.fr.
Emmanuel Macron en a apporté la preuve selon elle pendant l'entretien, à travers ses propos : "Par ces frappes, et cette intervention, nous avons séparé les Russes des Turcs, les Turcs ont condamné les frappes chimiques et ont soutenu l'opération que nous avons conduite." Une expression que la journaliste spécialisée qualifie de "maladroite".
Dans Le Figaro, Randa Kassis, une opposante au régime de Damas, ajoute : "Maintenant, les seuls groupes armés qui comptent sont ceux soutenus par la Turquie, qui est le dernier parrain des rebelles et la pierre angulaire des prochaines négociations". D'où le désir de la France, des États-Unis et la Grande-Bretagne d'être ralliés par les Turcs.
Mais pour Wassim Nasr, le fait qu'Ankara ait applaudi les frappes n'était qu'une "opération de communication". "Les Turcs ne pouvaient pas faire une communication dans le sens inverse, mais ils sont main dans la main avec les Russes et les Iraniens depuis mi-2016 en Syrie", ajoute-t-il. Même si Ariane Bonzon ne partage pas cet avis et n'a "aucun doute sur la franchise de l'approbation d'Erdogan sur les frappes" rappelant qu'il faisait partie des premiers à vouloir le départ de Bachar al-Assad, Paris ne va pas réussir si facilement à retourner dans les bonnes grâces du dirigeant turc. "Nous pouvons penser différemment, mais nos relations avec la Russie sont trop fortes pour être rompues par le président français", a ainsi réagi le ministre des Affaires étrangères turc après l'interview du président français.
Détrôner Bachar al-Assad a été abandonné par tout le monde
Wassim Nasr, auteur de "L'État islamique, le fait accompli", et journaliste à France 24
Ce qui pourrait séduire Recep Tayyip Erdogan, selon Ariane Bonzon, c'est la place de médiateur du conflit car "ça plait à Erdogan d'être médiateur". Le problème, c'est que le rôle est aussi convoité par Emmanuel Macron. Ce dernier a annoncé dimanche soir vouloir réunir cette semaine le small group (petit groupe d'initiative qui inclut France, Royaume-Uni, États-Unis, Arabie saoudite et Jordanie) avec le trio présent en Syrie.
Pour Wassim Nasr, "la France peut jouer" dans ce cadre "un rôle de médiateur sans imaginer pour autant qu'elle aura les clefs de ce qu'il va se passer" puisque "ceux qui mènent la barque, sont ceux actifs sur le terrain", et les frappes occidentales du 13 avril n'ont pas eu de bouleversement militaire du régime. Ce n'était d'ailleurs pas leur objectif.
"Mon objectif c'est de au moins pouvoir convaincre les Russes et les Turcs, de venir autour de cette table de négociations", a encore déclaré Emmanuel Macron. Une fois ces négociations enclenchées, peuvent-elles aboutir à quelque chose ? "Oui", répond le journaliste à France 24, "rien n'est définitif".
Mais "détrôner Bachar al-Assad a été abandonné par tout le monde. Ces frappes ont eu lieu car elles ne changent rien à l'équilibre militaire et ne fragilisent pas le régime. Aujourd’hui, le conflit se résout par la main du plus fort", donc Bachar al-Assad. Car, comme le conclut Wassim Nasr : "Plus aucune faction rebelle est en capacité de faire changer le régime".
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