"S'exprimer contre le gouvernement russe, c'est un délit criminel" : Vladimir Kara-Mourza, opposant à Vladimir Poutine, témoigne sur RTL

Il est l'une des figures de proue de l'opposition anti-Poutine. Vladimir Kara-Mourza, militant pro-démocratie de 43 ans, a été condamné en 2023 à 25 ans de prison pour s'être exprimé librement sur la guerre en Ukraine. Sa parole reste toujours aussi rare.

"Aujourd'hui, comme lors de l'époque soviétique, s'exprimer contre le gouvernement en Russie, c'est un délit criminel", assure Vladimir Kara-Mourza, sur RTL. Il émet ensuite une nuance quant à son statut d'opposant. "Je ne sais pas si on peut utiliser ce mot parce que le terme opposition, pour moi, ça vient des systèmes démocratiques. Parce que les membres d'opposition, ils siègent au Parlement. Vladimir Poutine, sa seule réponse, c'est tuer. Ou emprisonner", explique-t-il. Aujourd'hui, selon les chiffres publics, la Russie n'a jamais connu autant de prisonniers politiques, assure Vladimir Kara-Mourza.

Emprisonné dans le camp pénitentiaire de haute sécurité d'Omsk, il précise avoir été à l'isolement très régulièrement. "Selon la loi internationale, sous les règles de l'ONU, l'isolement de plus de quinze jours est officiellement considéré comme une forme de torture", poursuit celui qui affirme avoir passé "presque un an sans pause dans l'isolement".

Empoisonné à deux reprises

Dans cette petite cellule, avec seulement une petite fenêtre avec des barreaux métalliques, Vladimir Kara-Mourza explique qu'il n'y a "rien à faire". "Tu ne peux parler à personne, tu ne peux aller nulle part et c'est, en fait, très difficile de garder ta tête. Et bien sûr, je ne suis pas autorisé à appeler les enfants et ma femme. Ça, c'est une vieille pratique de l'époque communiste, quand le régime voulait punir non seulement ses opposants politiques, mais aussi leur famille". 

Pour avoir osé parler, le Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie (FSB) a même essayé de l'empoisonner à deux reprises. "C'était en 2015 et 2017", se souvient-il. "J'étais les deux fois dans un coma avec une défaillance multi-organes, et le docteur disait à ma femme que j'avais 5 % de chance de survivre."

Il se plonge alors dans ses souvenirs. "J'étais en réunion avec mes collègues. Et tout d'un coup, je sentais que je ne pouvais plus respirer, que mon cœur battait la chamade. J'ai commencé à vomir", explique Vladimir Kara-Mourza. Il ne se souvient alors plus de rien : "Mes organes, l'un après l'autre, ont arrêté de fonctionner", conclut-il.