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Russie : le Français Laurent Vinatier condamné à trois ans de prison
Détenu depuis juin en Russie, le chercheur français spécialiste de l'espace post-soviétique était accusé d'avoir récolté des informations sensibles, notamment de nature militaire, en Russie, sans s'être enregistré comme "agent de l'étranger". Laurent Vinatier et ses avocats envisagent de faire appel de cette décision, ont assuré ses conseils ce lundi 14 octobre.
Laurent Vinatier en plein procès à Moscou, lundi 14 octobre 2024.
Crédit : Alexander NEMENOV / AFP
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Un verdict qui pourrait renforcer les tensions entre Paris et Moscou. La justice russe vient de condamner le chercheur français Laurent Vinatier à trois ans de prison ferme sur son sol. Détenu depuis juin en Russie, le spécialiste de l'espace post-soviétique était accusé d'avoir récolté des informations sensibles, notamment militaires, dans le cadre de ses activités, sans s'être enregistré au préalable comme "agent de l'étranger" auprès des autorités russes. Un délit passible de cinq ans de prison, rappelle l'Agence France-Presse, qui relaie le verdict.
Laurent Vinatier avait reconnu ne pas s'être enregistré sous le label d'"agent de l'étranger", utilisé en Russie contre les voix critiques et qui impose de lourdes obligations administratives, sous peine de sanctions pénales. Il avait assuré ignorer que cette obligation avait été introduite au Code pénal. Ses avocats ont estimé la peine requise par le tribunal de Moscou, "trois ans et trois mois de prison ferme, à purger dans une colonie pénitentiaire", comme particulièrement sévère, appelant à une sanction moins lourde : une amende.
Les services de sécurité russes (FSB) ont eux affirmé début juillet, dans un communiqué, que l'accusé avait établi de "nombreux contacts" avec des politologues, des économistes et des experts militaires russes, ainsi qu'avec des fonctionnaires. "Au cours d'échanges avec ces personnes, (il) a notamment recueilli des informations militaires et militaro-techniques qui peuvent être utilisées par des services de renseignement étrangers à l'encontre de la sécurité de la Russie", avait alors déclaré le FSB. Des accusations qui auraient pu lui valoir une inculpation plus grave, celle d'"espionnage", passible de 20 ans de réclusion.
Ses avocats envisagent de faire appel
Laurent Vinatier travaillait sur le sol russe pour le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse qui fait de la médiation dans des conflits hors des circuits diplomatiques officiels. Selon des sources interrogées par l'AFP, le Français travaillait depuis des années sur le conflit entre la Russie et l'Ukraine, avant même l'offensive russe de février 2022, dans le cadre de discrets efforts diplomatiques en parallèle à ceux des États.
Jusqu'à son arrestation, il effectuait des voyages dans les deux pays. "Ma femme est russe, mes amis sont russes. J'ai vécu une vie russe", a souligné Laurent Vinatier à la barre ce lundi, racontant être tombé amoureux de la Russie il y a 20 ans.
Cette affaire survient par ailleurs à un moment où les relations entre Moscou et Paris sont très tendues. La Russie est accusée d'une série d'actes de déstabilisation et de désinformation sur le territoire français, tandis que la France se voit reprocher son soutien à l'Ukraine. Le Français n'a pas été autorisé à s'exprimer après son verdict, face auquel il s'est montré stoïque. Ses conseils russes ont assuré qu'ils feraient appel de cette décision.
