Roland-Garros : l'héritage d'Yvonne Odom, source d'inspiration pour sa petite-fille, Coco Gauff

La joueuse de tennis Loïs Boisson affronte l'américaine Coco Gauff ce jeudi 5 avril. La joueuse faisant face à la française s'inspire beaucoup de sa grand-mère.

Dans sa famille, la star c'est elle : Yvonne Odom, un modèle de persévérance, de résilience aussi, car elle a été la première élève noire à intégrer le lycée blanc de Seacrest High, en Floride. L'Équipe lui a consacré une double page, et elle le vaut bien.

Nous sommes en 1961. La Cour suprême des États-Unis vient de déclarer la ségrégation raciale inconstitutionnelle dans les écoles publiques. Il faut donc un élève noir pour Seacrest. Yvonne est choisie pour son éloquence, pour son charisme et car c'est une bonne sportive.

À l'époque, elle n'a pas conscience d'être un symbole, elle est toujours une ado de 15 ans, pas très contente de changer de lycée, en cours d'année en plus. 

Une pionnière en matière de droits civiques

Yvonne Odom n'a pas conscience non plus des précautions que son père a dû prendre pour l'amener jusqu'au lycée. Il a installé des protections dans sa voiture et la police a bloqué les routes pour que les journalistes n'y aient pas accès. D'ailleurs, le lycée a convoqué Yvonne Odom à 10 heures pour qu'elle n'arrive pas en même temps que les autres élèves. 

Malgré ce que la Cour Suprême a beau dire, la ségrégation est toujours là, partout. Une photo volée paraît trois jours plus tard dans la presse locale avec ce titre : "Une élève nègre intègre discrètement le lycée de Seacrest".

Une étudiante qui s'est distinguée dans son parcours scolaire

Yvonne a l'habitude, mais elle n'est pas du genre résignée. Alors quand elle arrive et qu'on lui propose d'utiliser les toilettes des employés, "pour sa sécurité", elle refuse. "J'irai dans les mêmes toilettes que tout le monde", affirme-t-elle. Pour sa sécurité aussi, on veut la priver de cours de sport. Elle passe outre et finit dans l'équipe de basket. En revanche, elle n'arrive pas à intégrer l'équipe des cheerleaders. "Les autres lycées ne sont pas prêts pour ça" selon sa professeure d'EPS.

Et au niveau de ses études, elle a parfois eu des sales notes pour de mauvaises raisons. Mais plus c'est injuste, plus elle est déterminée. Elle raconte que "quand je suis arrivée à Seacrest, j'ai eu une prise de conscience : "punaise, mais je suis carrément plus intelligente que la plupart d'entre eux !". Elle a tout fait pour le prouver, sans contester, mais sans abdiquer. 

Une source d'inspiration pour sa petite-fille

En 1964, Yvonne a obtenu son diplôme, comme les quatre autres élèves noirs qui ont intégré Seacrest après elle. Elle est devenue prof et elle a enseigné pendant 45 ans.
Aujourd'hui c'est une mamie heureuse. 

"Avant, Coco était la petite-fille de madame Odom, maintenant, je suis la grand-mère de Coco Gauff. Mais je lui rappelle souvent : Coco, j'ai été célèbre avant toi !", raconte cette grand-mère.

Si Coco Gauff est ce qu'elle est, elle le doit beaucoup à cette source d'inspiration pas comme les autres. C'est elle qui a façonné ses engagements citoyens, pour les droits civiques, pour l'avortement ou contre les armes. C'est d'elle aussi qu'elle tient son mental de championne, qui a fait d'elle la numéro 2 mondiale. Une adversaire affûtée qui fera face à Loïs Boisson l'après-midi du 5 juin 2025.

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