Élection américaine 2024 : comment le vote noir est courtisé à Philadelphie

À Philadelphie, une des plus grandes villes des Etats-Unis, 40% de la population est afro-américaine. Le "vote noir", comme on le désigne là-bas, est très important et très courtisé. Sur le parking d’une banlieue défavorisée de Philadelphie, un bus arrive suivi de plusieurs voitures. Danielle Brown descend de ce bus où il est inscrit "Black Voters matter", ce qui signifie "les électeurs noirs comptent". 

"On fait du bruit, on vient parler avec les gens, on s’assure qu’ils comprennent pourquoi ils doivent aller voter. On entend tellement de choses et aussi beaucoup de désinformations, des deux candidats. Donc nous, on s’assure que les gens ont les bonnes informations, qu’ils savent où aller voter, quand, comment. Le temps presse, on n’a plus beaucoup de temps", explique-t-elle. 

Danielle a parcouru 28 Etats ces derniers mois pour inciter les électeurs noirs à aller voter, car à Philadelphie seul 30% des électeurs se déplacent aux urnes. Sorita, 52 ans, passe, elle aussi, ses journées à convaincre les gens à aller voter. "Beaucoup de personnes pensent que ce n’est pas de leur responsabilité, que d’autres personnes iront voter. Et elles ne se rendent pas compte de l’impact de ne pas voter. Elles pensent que ce n’est pas grave. Mais c’est grave.", assure la quinquagénaire.  

Les communautés afro américaines se sentent délaissées, abandonnées.

Lunettes multicolores, cheveux roux, Poetica habite dans un quartier où 80% des habitants sont afro-américains. Elle est très impliquée dans sa communauté et anime une émission de radio locale. "Les attentes sont très grandes. On veut manger à notre faim, on veut pouvoir s’acheter une voiture, on veut que nos enfants aillent dans une bonne école, on veut pouvoir marcher dans la rue sans avoir peur de se faire tirer dessus. Comment toutes ces armes se retrouvent dans la rue ? Et pour l’instant, aucun candidat ne répond à ces questions, pour être honnête. C’est pourquoi on doit continuer à se faire entendre et demander plus."

Demander plus c’est aussi ce que compte faire Shamar, 23 ans, c'est la première fois qu'il va voter. Aux élections de 2020, il était en prison : "Il y a beaucoup de ségrégation. Les noirs, on vit de ce côté du boulevard, mais en face ce sont des hispaniques et plus haut, c'est plutôt blanc. Si on veut que ça change, il faut voter". Lui votera Kamala Harris.

Historiquement, ces communautés votent plutôt démocrate, même si selon un dernier sondage américain, 20% des noirs américains de Pennsylvanie pourraient voter Donald Trump mardi prochain. C’est un chiffre assez inédit, mais cette électrice de 73 ans n’y croit pas. "On a besoin d’une leader. Pas d’un démagogue. On ne veut pas de quelqu'un qui va continuer à cracher son venin, à créer de la division. Et je suis sûre à 100% que notre ville de Philadelphie va se mobiliser massivement. Et la Pennsylvanie ne sera pas rouge républicain."