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Élection américaine 2024 : les 5 scénarios après les résultats du 5 novembre

ÉCLAIRAGE - L'issue de la présidentielle américaine du 5 novembre n'aura jamais paru aussi incertaine. Au coude à coude dans les sondages, Donald Trump et Kamala Harris pourraient continuer à s'affronter dans les jours, voire les semaines post-scrutin.

La vice-présidente américaine et candidate démocrate à la présidentielle Kamala Harris s'exprime lors d'un événement de campagne à Érié, en Pennsylvanie, le 14 octobre 2024.
Crédit : DUSTIN FRANZ / AFP
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Thomas Pierre
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L'issue du 5 novembre a beau demeurer incertaine, une chose est d'ores et déjà acquise : cette présidentielle américaine 2024 est historique. Déjà, de part son affiche : d'un coté Kamala Harris, une candidate démocrate qui supplée dans la dernière ligne droite un président-candidat défaillant. De l'autre, Donald Trump, un ancien dirigeant républicain qui fait campagne pour le troisième fois pour la Maison Blanche, malgré sa défaite lors de la dernière présidentielle.

Sauf qu'au-delà de ce duel inédit de deux prétendants aux visions diamétralement opposées, ce sont bien les issues probables à cette élection qui restent imprévisibles. Une semaine avant l'élection, les sondages donnent Trump et Harris dans un mouchoir de poche, en pleine marge d'erreur. Et les sondages, on le sait, sont toujours à prendre avec des pincettes aux États-Unis, cette démocratie régulée par un collège électoral (et non par le vote populaire), et où un scrutin national se joue finalement dans quelques États-clés.

Que l'un ou l'autre l'emporte, cette présidentielle américaine de 2024 s’annonce donc tendue, très tendue. Et les scénarios de l'après-5 novembre demeurent, de fait, difficilement lisible, même si plusieurs hypothèses se dessinent, allant d’une issue pacifique à un possible chaos politique et social. 

1. La victoire nette d’un candidat

Premier cas de figure (le moins probable à en croire les sondages récents) : l'un des candidats pourrait l'emporter haut la main, offrant une issue rapide au scrutin. Invité du podcast RTL Une Lettre d'Amérique, Tristan Cabello, maître de conférence en civilisation américaine à Johns Hopkins University, évoque ce scénario d’une "landslide", c'est-à-dire d'une large victoire soit de Harris, soit de Trump. "Il y a peut-être un scénario qu'on n'attend pas du tout", estime-t-il, "le scénario d'un candidat, soit Kamala Harris, soit Donald Trump, qui gagne haut la main. C'est-à-dire que ce que l'on voit dans les sondages, ce que beaucoup de sondeurs disent, c'est que s'il y a un candidat qui en fait était sous-estimé dans un État, disons la Caroline du Nord, la Pennsylvanie, il est très probable que ce candidat soit sous-estimé dans tous les autres États". 

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Une telle victoire dans les États clés laisserait donc peu de place à la contestation et limiterait les risques de violences post-électorales. "Ce n'est pas du tout un scénario qui est impossible ou minimal", insiste Tristan Cabello. Kamala Harris, si elle perd largement, acceptera-t-elle de reconnaître son échec ? Ses partisans le pensent à 95%. A contrario, le milliardaire républicain (qui avait déjà refusé de le faire en 2020) ne cesse d'affirmer que la seule possibilité pour lui de perdre, serait que le camp de son adversaire truque les résultats de l'élection. Peu de chance donc que Donald Trump ne la joue fair-play, même dans le cas d'une défaite écrasante.

2. La bataille judiciaire

Autre scénario possible, et nettement plus probable : celui d’une bataille juridique intense. Ce que beaucoup qualifient déjà d’ "élection du contentieux". Il y a quatre ans, l'élection s'était tenue le 3 novembre mais le résultat n'avait été connu que le 7. Forts des leçons de 2020, les républicains, comme les démocrates, se sont donc préparés à contester les résultats. Avec plus de 130 actions en justice déposées dans 26 États par les républicains, et 35 côté démocrate, chaque vote et chaque résultat pourraient être scrutés, contestés, voire réévalués par des juridictions locales et fédérales.

"Si (Donald Trump) perd, je suis certain qu'il va crier à la triche, faire tout ce qui est possible pour inverser les résultats", prédit Donald Nieman, professeur de sciences politiques à l'université Binghamton dans l'Etat de New York. Lors de la précédente présidentielle, Donald Trump s'était déclaré vainqueur dès la nuit du vote et avait immédiatement commencé à dénoncer des irrégularités supposées, tentant de rallier à sa cause, en vain, son vice-président Mike Pence. En 2020, il avait saisi les tribunaux tous azimuts, sans obtenir un seul jugement en sa faveur. 

Et les républicains ont tiré les leçons de cette bérézina judiciaire. Cette année, ils ont recruté une armée de 100.000 bénévoles et des milliers de juristes chargés de veiller à "l'intégrité" du scrutin. De son côté, Kamala Harris a aussi indiqué que son équipe se tenait prête à riposter si Trump proclamait à nouveau sa victoire avant l’annonce officielle des résultats.

3. La contestation violente

C'est le scénario du pire, celui que deux Américains sur trois disent craindre : une escalade de violence dans l’après-élection. Des incidents récents, comme les incendies volontaires d’urnes électorales dans l'Oregon et dans l'État de Washington, montrent l’électricité ambiante qui règne déjà outre-Atlantique. La défiance à l’égard de l’intégrité du scrutin s’accentue, alimentée par les discours des deux candidats, qui s’accusent mutuellement de radicaliser leurs partisans. 

Les autorités de Washington se préparent donc depuis au moins un an à d’éventuelles émeutes avec des mesures de sécurité renforcées autour de la Maison-Blanche et du Capitole. Objectif : éviter que la période extrêmement sensible qui va du 5 novembre, jour de l'élection, au 20 janvier 2025, date de l'investiture du futur président, ne dégénère dans la violence. Déjà, les premières barrières métalliques se dressent près de la Maison Blanche. D'autres entoureront bientôt la zone du Congrès. La police du Capitole verra ses effectifs gonfler à 2.100 agents, environ 300 supplémentaires qu'au 6 janvier 2021, quand des centaines de trumpistes avaient envahi l'édifice par la force. La journée cruciale du 6 janvier 2025, durant laquelle sera certifié le scrutin, bénéficiera du même niveau de sécurité que la cérémonie d'investiture.

4. Un recomptage interminable

Ce 5 novembre 2024 pourrait aussi nous plonger dans un scénario à la "Too Close to Call", comme en 2000. À l'époque, l’élection qui opposait le vice-président démocrate Al Gore et le républicain George W. Bush s’était jouée à quelques centaines de voix en Floride, entraînant un recomptage judiciaire qui dura plus d’un mois. Dans une course serrée entre Kamala Harris et Donald Trump, un tel scénario pourrait se répéter, surtout dans des États où la marge de victoire risque d’être infime. Les sondages montrent un écart réduit dans les États pivots comme la Pennsylvanie, le Michigan et la Géorgie, ce qui pourrait déclencher automatiquement des recomptages fastidieux et prolonger l’incertitude. 

La population américaine, déjà divisée, pourrait ainsi voir sa frustration s’accentuer face à cette attente interminable, surtout si les deux camps échangent des accusations de fraude. Selon les analystes, un recomptage prolongé risquerait ainsi d’alimenter les théories du complot et de provoquer des manifestations de rue, notamment de la part des partisans les plus radicaux de Trump, convaincus d’une "tricherie". 

En dernier ressort, la Cour Suprême pourrait également être amenée à trancher, comme en 2000. La haute juridiction, aujourd'hui à majorité conservatrice, pourrait jouer un rôle décisif en déterminant la validité des recomptages dans certains États. À noter que la Cour est perçue par certains comme favorable aux républicains, depuis que Donald Trump y a nommé trois juges lors de son mandat.

5. La stabilité malgré la tension

Enfin, le scénario d’une transition pacifique reste toujours envisageable. Il reste une possibilité que le processus électoral suive son cours sans heurts majeurs, avec un minimum de contestations et une transition sans trouble significatif. Cette issue "optimiste" repose sur plusieurs facteurs : la volonté de stabilité de la majorité des Américains, les préparatifs sécuritaires des autorités, et une potentielle désescalade des deux candidats après le verdict.

Les États-Unis traversent actuellement une période de division sans précédent, mais une large part de la population, épuisée par des années de polarisation, souhaite désormais la stabilité. Les sondages montrent que même dans les camps de Harris et Trump, nombreux sont ceux qui préféreraient une issue apaisée à une prolongation du chaos politique. La stabilité de la transition dépendra donc aussi en partie de la capacité de Kamala Harris et de Donald Trump à accepter le résultat sans déclarations incendiaires.

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