Présidentielle américaine : le vote portoricain peut-il se retourner contre Donald Trump ?

La colère ne faiblit pas. Deux jours après le grand raout de Donald Trump au Madison Square Garden de New York, la communauté portoricaine reste offensée par les propos d'un humoriste. Chargé de chauffer la salle avant l'arrivée sur scène du candidat républicain, Tony Hinchcliffe avait déclaré : "Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais il y a littéralement une île flottante d'ordures au milieu de l'océan. Je crois qu'elle s'appelle Porto Rico". 

Une blague qui ne passe toujours pas, une semaine avant l'élection présidentielle. Les résidents de Porto Rico, territoire insulaire américain situé dans les Caraïbes, ne sont pas autorisés à voter au scrutin présidentiel. Mais la diaspora vivant aux États-Unis, et qui compte près de six millions de personnes, peut, elle, se rendre aux urnes et sanctionner Donald Trump. Dans une élection où les deux candidats sont au coude à coude dans les sondages, la population portoricaine pourrait ainsi avoir une influence décisive, notamment en Pennsylvanie. Ce "swing state", qui est susceptible de décider de l'issue du scrutin du 5 novembre, abrite la quatrième plus importante population portoricaine du pays. 

Après avoir entendu les propos de l'humoriste, Javier Torres Martinez, un Portoricain vivant près de Miami, en Floride, a décidé de changer son fusil d'épaule. "J'allais voter républicain et cela m'a fait examiner de plus près le projet de Harris", a dit à l'AFP l'homme de 45 ans. "Avant j'étais 100% convaincu de voter pour Trump et maintenant je suis 100% motivé à aller voter pour Kamala Harris."

"L'effet d'une bombe"

Le camp républicain ne s'y est d'ailleurs pas trompé et tente depuis dimanche d'éteindre la polémique. "Cette plaisanterie ne reflète pas l'opinion du président" Trump, a assuré une de ses porte-paroles. De nombreux élus républicains se sont également distancés de propos dénoncés comme racistes. "Cette blague a fait l'effet d'une bombe pour une bonne raison. Ce n'est pas drôle et ce n'est pas vrai", a écrit le sénateur sortant de Floride Rick Scott. Nanette Barragan, présidente du groupe des élus hispaniques au Congrès, a qualifié la rhétorique du rassemblement, où d'autres propos insultants à l'égard des populations hispanique et afro-américaine ont été tenus -- de "honteuse" et "dangereuse".

Ces propos ont d'autant plus marqué le contraste entre Donald Trump et sa rivale Kamala Harris que la démocrate s'est rendue le même jour dans un restaurant portoricain à Philadelphie, en Pennsylvanie, où elle a détaillé des mesures visant à aider le développement économique de l'île. Plusieurs vedettes nées à Porto Rico, comme le prince du reggaeton Bad Bunny et le chanteur Ricky Martin, ont affiché leur soutien à Kamala Harris sur Instagram.

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