Depuis le début 2022, plus de 43.000 migrants ont réussi à traverser la Manche pour rallier l'Angleterre, un triste record qui inquiète autorités et associations humanitaires.
Chaque nuit sur la côte d'Opale, des ombres apparaissent dans les dunes ou sur les plages. Des exilés, souvent transis de froid, qui tentent de gagner l’Angleterre, mais régulièrement les tentatives échouent. Ces migrants, souvent originaires du Moyen-Orient, d'Afrique, se retrouvent livrés à eux-mêmes quand leur embarcation chavire ou lorsque les forces de l'ordre viennent les déloger.
Les membres de l'association Utopia 56 se mobilisent pour leur venir en aide, en organisant des maraude la nuit. Partie à 2 heures du matin, depuis Dunkerque, l'équipe de Thomas Chambon, coordinateur sur la côte d'Opale, sillonne le littoral avec une camionnette pour apporter un soutien matériel et humain auprès de ces populations.
Vers 3 heures du matin, ces bénévoles croisent un groupe d'irakiens et kurdes près des dunes d'Oye Plage. "La police a confisqué notre bateau, raconte un jeune irakien. Cela fait deux nuits que nous ne dormons pas, il fait froid."
Certains ont encore leur gilet de sauvetage sur le dos. Irine, une adolescente de 14 ans, accompagne ses parents. "Certains sont arrivés depuis plusieurs mois, confie cette jeune kurde. C'était le choix de ma famille de partir. Nous voulons aller de l'autre côté. Si nous sommes ici, c'est ce que nous avons tous des problèmes".
Les bénévoles ou salariés de l’association vont à la rencontre de ces exilés pour leur apporter un thé chaud, des vêtements pour se changer, ou des conseils pour des demandes d'asile. Sur des applications de cartes marines, ils surveillent les mouvements des bateaux susceptibles de ramener des naufragés au port.
Entre Dunkerque et Calais, une famille iranienne avec un enfant de 3 ans a appelé le numéro d'urgence de l'association. Ils n'ont pas réussi à prendre une embarcation clandestine et se retrouvent perdus en pleine campagne. La maman est heureuse de récupérer quelques vêtements pour son fils.
"Les migrants prennent le moins d'affaires avec eux pour limiter les risques à bord. Cela ne laisse pas indifférent, témoigne Victor, un jeune bénévole. Les passeurs ne sont souvent pas présents, ils font payer les traversées de 1.500 euros jusqu'à plus de 6.000 euros selon les communautés."
Mi-novembre 2022, les gouvernements français et britanniques ont signé un accord pour lutter contre ces traversées clandestines. Ce durcissement des contrôles inquiète les militants associatifs. "Les exilés vont encore prendre davantage de risques et cela ne règle pas la question de la pris en charge", s'inquiète le coordinateur Utopia.
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