L’effondrement de l’entreprise américaine WeWork rappelle à certains analystes financiers le début de la crise des subprimes. Pour rappel, WeWork est une compagnie qui loue des bureaux dans 111 grandes villes à travers le monde, parfois des dizaines d’immeubles dans chaque ville. Le fondateur rêvait de créer en quelque sorte le Amazon des bureaux.
L’idée de départ en 2010, c’était d’offrir des bureaux partagés à des créateurs d'entreprise, ou à des indépendants. Mais pas les bureaux aux longs couloirs gris avec les néons qui clignotent et la machine à café qui vous sert du jus de chaussette. Non, WeWork a cultivé un esprit hipster, décontracté.
Dans des immeubles rénovés à grands frais, de beaux meubles, des canapés, de la belle lumière, des couleurs vives, de belles plantes, des cafés, bref ça ressemble davantage à une mise en scène pour magazines déco qu’à des bureaux. WeWork vend aussi un état d’esprit cool, une culture communautaire. Le PDG, qui travaille lui même souvent pieds nus, voyait déjà grand, et imaginait pouvoir appliquer le même principe aux appartements.
WeWork a été financé par des banques, a ouvert des immeubles un peu partout à travers le monde, et a vu ses revenus doubler l’année dernière, mais ses dépenses sont considérables : dépenses immobilières, dépenses de personnel. WeWork perd énormément d’argent, c’est même une hémorragie de dollars.
Les choses ont commencé à se gâter ces derniers mois quand WeWork a voulu entrer en bourse. La valeur estimée était de 47 milliards de dollars, certains imaginaient que la valorisation pourrait grimper rapidement à 100 milliards de dollar. Et puis patrata quand WeWork a publié des détails de ses comptes, les analystes financiers se sont rendus compte que l'entreprise repose sur du sable, rien n’indique qu'elle va pouvoir vraiment gagner de l’argent à moyen terme avec son modèle.
WeWork
est à sec, au point que l’entreprise a dû reporter des licenciements,
selon le Wall Street Journal, faute de pouvoir payer les indemnités de
départ. La compagnie est actuellement en train de se noyer. Ce qui a poussé une banque japonaise, qui était déjà au
capital, à jeter une bouée de sauvetage de 9 milliards et demi de dollars
et prendre le contrôle de l’entreprise. Le PDG s’en va, avec 1 milliard
et demi, il n’est pas à plaindre.
Tout ces financements reposaient sur un belle histoire qu’avait réussi à vendre le PDG. Une sorte d’aveuglement optimiste des banques d’affaires, qui ont pris des risques, déversé des sommes folles à la recherche de la prochaine pépite, sans voir que tout cela était largement virtuel.
La chute de WeWork ne va peut-être pas déclencher un nouvelle crise financière, mais elle est peut-être un indice avant-coureur, de l’éclatement d’une bulle, et elle laisse penser que la finance n’a pas tiré les leçons de 2008.