"Pour nous c’est un choc" : sur RTL, le PDG de la Fédération nationale de l'industrie laitière réagit aux annonces de Trump

Afin de relancer l'économie américaine, Donald Trump a annoncé, dans la nuit du mercredi 2 au jeudi 3 avril, la mise en place de taxes sur l'ensemble des produits arrivant aux États-Unis : au moins 10% pour tout le monde dès samedi 5 avril, puis 20% pour les produits européens à partir de la semaine prochaine. 

Et même si ce secteur s'y attendait, cette annonce a malgré tout eu l'effet d'un "choc", assure François-Xavier Huard, PDG de la Fédération nationale de l'industrie laitière (Fnil). Pour le secteur, c'est un retour en arrière. Car Donald Trump, lors de son premier passage à la Maison-Blanche, avait déjà taxé à plus de 25% certains produits venant de l'étranger. "Mais là, c'est l'ampleur des mesures qui sont mises en place" qui interpelle. 

Pour la filière, qui exporte 40% de sa production (pour 342 millions d'euros de produits laitiers) outre-Atlantique, un "marché stratégique", c'est un "véritable séisme", poursuit François-Xavier Huard, qui expose alors deux hypothèses. "Soit le consommateur américain, et notamment sur certaines appellations d'origine protégée, accepte de payer plus cher. [...] Soit, sur des produits d'entrée de gamme ou de milieu de gamme, on va avoir une concurrence avec d'autres pays qui seront beaucoup moins taxés", explique-t-il, citant alors le beurre provenant de Nouvelle-Zélande.

"À ce moment-là, il y aura plusieurs choix pour nos entreprises : ajuster leur prix, trouver des marchés de report ailleurs ou éventuellement produire sur place", poursuit le PDG de la Fnil.

"Protéger les petits producteurs"

Aujourd'hui, environ deux tiers des produits exportés par la filière laitière française sont des fromages. "C'est à peu près 25.000 tonnes de fromages par an, essentiellement de l'emmental et du brie", expose-t-il, citant ensuite le beurre et les produits frais de type yaourts.

L'instauration de ces droits de douane risque de freiner un marché qui était jusqu'alors "en croissance". "On a doublé en 15 ans", assure François-Xavier Huard. Si, aujourd'hui, le prix d'un brie aux États-Unis est déjà impacté par le coût du transport ainsi que par les 10% de taxe, il faudra désormais rajouter 20% de taxes supplémentaires.

L'objectif désormais pour la Fnil est que les petits producteurs ne soient pas trop impactés. "On essaie de maintenir ce marché-là au maximum", assure le PDG. "On va étudier attentivement les choses et on va essayer de faire en sorte que ce marché reste un marché d'exportation."

En revanche, François-Xavier Huard tient à rassurer les consommateurs français : les prix dans l'Hexagone ne devraient pas bouger. "L'idée, c'est que l'on puisse continuer, ici, à préserver notre filière laitière et continuer de manger de bons produits laitiers", conclut-il.