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Panama Papers : qu'est-ce que Mossack Fonseca, la société par laquelle le scandale est arrivé ?

ÉCLAIRAGE - Au cœur du scandale révélé par les "Panama Papers", Mossack Fonseca s'avère être un discret cabinet d'avocats panaméen qui compte une panoplie de clients prestigieux et qui s'est spécialisé dans la création de sociétés offshore.

L'entrée du siège social de Mossack Fonseca, au coeur du scandale des "Panama Papers", à Panama City le 3 avril 2016
L'entrée du siège social de Mossack Fonseca, au coeur du scandale des "Panama Papers", à Panama City le 3 avril 2016
Crédit : Arnulfo Franco/AP/SIPA
Julien Absalon
Julien Absalon

Les "Panama Papers" ont sans doute levé le voile sur une gigantesque nébuleuse totalement opaque. Si un tel scandale a pu éclater, c'est grâce à une fuite sans précédent qui se matérialise par 11,5 millions de fichiers. Autant de données qui ne proviennent que d'un seul et même endroit : Mossack Fonseca, le dénominateur commun qui relie toutes ces personnalités de premier plan mises en cause dans ces spectaculaires révélations. Depuis 1977, ce cabinet d'avocat panaméen œuvrait en toute discrétion dans le monde entier pour fournir le service dans lequel il était connu pour être l'un des tous meilleurs au monde : la création pour ses clients de sociétés offshore complètement anonymes dans des paradis fiscaux.

En près de 40 ans d'existence, pas moins de 214.000 entités offshore ont été créées ou administrées par ce centre financier tentaculaire. Basé à Panama City ainsi que dans une quarantaine de bureaux dispatchés sur la planète, Mossack Fonseca a su devenir un acteur incontournable du secteur. Les révélations permettent d'établir que cette société a collaboré avec des personnalités et d'importantes compagnies venant de plus de 200 pays et territoires. Le monde entier, en somme.

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Liens obscurs

Si les sociétés offshore ne sont pas forcément illégales, si tant est qu'elles soient déclarées aux autorités fiscales compétentes, leur existence même pose question. La création de telles entités sert bien souvent à cacher l'identité des propriétaires et bénéficiaires. Une aubaine pour les adeptes de l'évasion fiscale ou du blanchiment d'argent.

Mais la spécialité de Mossack Fonseca consiste à user de procédés complexes afin d'assurer à ses clients la protection de leurs secrets. Or, la masse de fichiers montre la présence de narcotrafiquants et de membres de la mafia, entre autres, parmi la liste des clients du cabinet. Dans un article de The Economist daté d'avril 2015, Mossack Fonseca se défendait de conseiller ses clients sur l'utilisation de ses sociétés créées et affirmait "ne jamais avoir été sous le coup d'une enquête pour un crime ou du blanchiment d'argent".

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Avant les "Panama Papers", ce facilitateur panaméen a pourtant déjà été cité à plusieurs reprises dans des affaires judiciaires. Selon un procureur brésilien, cité par The Economist, il existe des preuves d'une implication de Mossack Fonseca dans le vaste scandale de corruption visant la compagnie pétrolière Petrobras. Son nom ressortait également dans une affaire de détournement de fonds publics en Argentine autour d'un proche de l'ancien président argentin Nestor Kirchner, ou encore lorsqu'il était question de Rami Makhlouf, cousin de Bachar Al-Assad et considéré comme le "grand argentier" du régime syrien. Et aux États-Unis, un juge du Nevada a estimé que le cabinet avait tenté volontairement de masquer son rôle de gestion dans sa branche locale dans cet État américain.

Présent dans tous les paradis fiscaux

Pour bâtir cet empire, Mossack Fonseca a pu compter sur la législation du Panama, qui s'est érigé en paradis fiscal de choix depuis les années 1970 grâce à son secret bancaire. "Quand il s'agit de blanchiment d'argent, nous offrons un service complet : rinçage, lavage et séchage", déplorait Miguel Antonio Bernal, avocat et analyse politique local cité dans une longue enquête de Vice. Mais le cabinet s'est surtout illustré en 1996 lorsqu'il a obtenu le droit exclusif de créer des sociétés offshores sur Niue, un minuscule pays insulaire du Pacifique sud. Pas moins de 6.000 entités ont ainsi pu être créées, avant que la communauté internationale ne fasse plier Niue en 2001. Mais cela n'a pas empêché Mossack Fonseca de déménager ses créations aux Îles Vierges britanniques, aux Seychelles, qui ont tous en commun d'être des paradis fiscaux.

Derrière cette machinerie gigantesque, il y a deux cofondateurs : Jürgen Mossack et Ramón Fonseca. Le premier est né en Allemagne en 1948 d'un père qui fut membre de la Waffen SS puis espion au Panama pour le compte de la CIA, selon le Consortium international des journalistes d'investigation à l'origine de ces révélations. Le second est né en 1952 au Panama et avait envisagé de devenir prêtre, selon ses dires, avant de finalement devenir le conseiller du président panaméen en exercice. Peu après le début de leurs affaires, Ramón Fonseca aurait alors soufflé à un journaliste : "Ensemble, nous avons créé un monstre".

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