Le champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius a été condamné mercredi 6 juillet à six ans de prison ferme. La justice le rejugeait en appel pour le meurtre de sa petite amie Reeva Steenkamp, tuée de quatre balles en février 2013. "La sentence que j'impose à l'accusé pour le meurtre (...) de la défunte Reeva Steenkamp est six ans de prison", en deçà de la peine requise par l'accusation, a déclaré la juge Thokozile Masipa du tribunal de Pretoria.
Six fois sacré champion aux jeux paralympiques, Oscar Pistorius, 29 ans, était entré dans l'Histoire en s'alignant avec les sprinteurs valides aux jeux Olympiques de Londres de 2012. Mais le feuilleton judiciaire de trois ans et sa condamnation pour meurtre éclipseront sans doute sa performance sportive. Au début de l'affaire, la défense de l'athlète prétendait que ce dernier avait pris sa compagne pour un cambrioleur et, pris de frayeur en pleine nuit, il a ouvert le feu. La thèse de l'accident a été retenue dans un premier temps par la juge, critiquée à l'énoncé de son verdict jugé trop "laxiste" par certains, le 11 septembre 2014. Depuis le 20 octobre 2015, il était assigné à résidence, chez son oncle, à Pretoria, après avoir déjà passé un an en prison - sur les 5 prévus par sa peine pour "homicide involontaire". Avec la requalification de son crime en meurtre par la justice, en décembre 2015, l'athlète risquait 15 ans de prison, au minimum.
Cette fois, la juge n'a par retenu l'argument de la méprise, mais sa décision pourra en étonnant certains. Pourquoi n'a-t-elle pas appliqué la peine plancher pour ce genre de crime ? "Les circonstances atténuantes l'emportent sur les facteurs aggravants", explique-t-elle. "J'estime qu'il y a des circonstances atténuantes qui justifient de ne pas imposer la peine plancher de 15 ans pour meurtre".
L'accusation avait pourtant réclamé au moins 15 ans de détention, soulignant notamment que Pistorius n'avait pas exprimé de remords pour le meurtre. Appelé par le parquet à la barre en juin, le père de la victime, Barry Steenkamp, tremblant et en pleurs, avait lui demandé que Pistorius "paie pour son crime", estimant qu'il avait tiré après une dispute.
De son côté, la défense n'a pas hésité non plus à jouer la carte de l'émotion, jouant sur le handicap et la vulnérabilité physique, de l'ancien athlète amputé des deux jambes. Dans une interview accordée à la chaîne britannique ITV et diffusée fin juin - la première depuis le drame - , Pistorius avait aussi affirmé que sa compagne décédée préférerait sans doute le voir purger sa peine en aidant les plus démunis que d'aller en prison. Cet entretien lui avait valu les sarcasmes du parquet, indigné de ne pas voir Pistorius témoigner lors de son procès en appel alors qu'il était capable de répondre à une interview télévisée.
À l'annonce du verdict, Oscar Pistorius, vêtu d'un manteau gris sur une chemise blanche et une cravate noire, a serré dans ses bras et embrassé sa soeur Aimee assise derrière lui. Il a ensuite été immédiatement escorté par les forces de sécurité vers une cellule, au sous-sol du tribunal. Cette sentence ne signifie pas nécessairement la fin de la longue procédure judiciaire. Comme en première instance, les deux parties peuvent faire appel de cette peine.