Néonazi, homosexuel et d'origine juive, il claque la porte de l'extrême-droite
Kevin Wilshaw a passé près de quarante ans de sa vie au sein des groupes extrémistes, racistes et homophobes britanniques.

"C'est un poids trop lourd". Après quarante ans passés dans les rangs de différents groupuscules extrémistes, Kevin Wilshaw tourne le dos au suprématisme blanc et à l'extrême-droite. C'est dans un long entretien à la chaîne de télévision anglaise Channel 4 qu'il raconte son histoire, vouée aux idéologies racistes et homophobes.
Fils d'un sympathisant d'extrême droite, il se découvre un attrait pour le nazisme dès ses 11 ans. Il ira jusqu'à placarder des croix gammées aux murs de sa chambre, ou exhiber des bustes sculptés d'Hitler. Il rejoint alors des groupes minoritaires de suprématistes blancs, basculant toujours un peu plus dans l'activisme raciste et homophobe.
Dans les années 70, il devient l'un des visages de l'extrême droite britannique, et entre au British National Party, le Front national anglais, à ses 18 ans. Kevin Wilshaw intégrera ensuite les rangs des skinhead, extrémistes violents au crâne rasé qui n'hésitent pas à employer la force pour combattre les minorités ethniques ou religieuses, les Juifs, les migrants, l'extrême gauche et "n'importe qui qui désapprouvait ce que je faisais", détaille-t-il dans l'interview.
J'ai vu des personnes prises à partie parce qu'elles étaient noires
Kevin Wilshaw
Se définissant comme un "extrémiste indépendant", Kevin Wilshaw va ensuite flirter avec différents groupuscules néonazis, comme les Racial Volunteer Force, un groupe de suprématistes violents et armés. Dans les années 1990, il sera même arrêté pour avoir vandalisé une mosquée à Aylesbury, au Nord-Ouest de Londres.
Il explique n'avoir jamais blessé personne volontairement. "Mais j'ai vu des incidents où des personnes étaient prises à partie par un groupe de gens parce qu'elles étaient noires. Ça m'a retourné l'estomac, j'ai rejeté ça, je l'ai repoussé dans un coin de ma tête", se souvient Kevin Wilshaw. Ses différences d'idéologies avec les suprématistes blancs, il les a ignorées, parce qu'il voulait "appartenir" à ce groupe, confie-t-il. Pendant toutes ces années, Kevin Wilshaw se mentait à lui-même, dissimulant en fait, un secret.
Coming-out et rejet des idéaux néonazis
Dans cette interview accordée à Channel 4, Kevin Wilshaw explique que son homosexualité, qu'il a toujours dissimulée, a fini par le détourner des pensées extrémistes, particulièrement hostiles à l'homosexualité.
"À une ou deux occasions, récemment, j'ai été la cible de la haine du groupe de personnes à qui je voulais appartenir. Si vous êtes gay, c'est acceptable dans la société, mais avec ces groupes de gens ce n'est pas acceptable. Et, une fois où deux, quand j'étais suspecté d'être gay, j'ai été victime d'abus.
Vous réalisez soudain que ce que vous faites est mal
Kevin Wilshaw
Un néonazi, homosexuel, et fils d'une mère juive... "C'est une contradiction n'est-ce pas ?", ironise-t-il, avant d'ajouter : "C'est seulement quand c'est dirigé vers vous [la haine de ces groupuscules néo-nazis], que vous réalisez soudain que ce que vous faites est mal".
Dans cette interview à Channel 4, mise en ligne mardi 17 octobre, c'est la première fois que Kevin Wilshaw révèle son homosexualité et explique son rejet des idéaux néonazis. "Je me sens coupable, mais pas seulement. Cela m'a également empêché également d'avoir une relation avec ma propre famille et je veux m'en débarrasser, c'est un poids trop lourd", conclut Kevin Wilshaw.
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