Le corps d'Ivan Pechorin a été repêché ce lundi 12 septembre au large de Vladivostok, en mer du Japon. L'homme d'affaires "s'est noyé" lors d'une sortie en voilier, a rapporté le journal russe Komsomolskaya Pravda. L'oligarque de 39 ans, "ivre, est passé par-dessus bord alors qu'il ne savait pas nager", ont précisé plusieurs médias.
Le directeur général de la Far East and Arctic Development Corporation, une firme spécialisée dans le développement des ressources énergétiques en Russie, est le 7e oligarque retrouvé mort dans des conditions suspectes depuis la guerre en Ukraine.
"Pechorin c'était un proche du Kremlin. On lui avait confié la mission de développer les capacités du territoire de Sibérie, développer économiquement cette zone reculée qui dispose d'énormément de ressources énergétiques", précise à RTL Ulrich Bounat, analyste géopolitique spécialiste d'Europe centrale et orientale. "Donc dans ce cadre-là, c'est un personnage important".
Le 1er septembre dernier, le président du conseil d’administration et fondateur du groupe pétrolier Lukoil, Ravil Maganov, est décédé à l’Hôpital central de Moscou. "Il s'est suicidé en se jetant du sixième étage", a affirmé l'agence publique Tass. "Il est mort des suites d'une grave maladie", a publié dans le même temps Lukoïl, seule firme pétrolière à s'être prononcée contre la guerre en Ukraine. Cet imbroglio alimente forcément les rumeurs. D'autant plus que quelques heures plus tôt, Vladimir Poutine était en personne dans les couloirs de l'hôpital pour un hommage à Gorbatchev.
Le cadavre d'Alexander Subbotin, 43 ans, a été retrouvé le 8 mai dernier dans la cave d'un chaman en banlieue de Moscou. Cet autre cadre de Lukoïl a été empoisonné par du venin de crapaud. Vladislev Avayev, ancien vice-président de GazPrombank a été découvert sans vie dans son appartement moscovite, le 18 avril, un pistolet à la main. Sa femme enceinte et sa fille gisaient sur le sol, dans une marre de sang, toutes deux tuées par balles. Les enquêteurs privilégient la thèse du suicide. Le différend familial, suivi d'un suicide, est aussi une thèse avancée après le décès d'un ex-responsable du deuxième groupe gazier russe. Son épouse et sa fille, retrouvées à ses côtés, avaient été massacrées à coups de couteau.
Les méthodes employées, l'empoisonnement, les suicides suspects, tout cela porte la marque des agents du FSB, le renseignement russe. Mais selon Ulrich Bounat, expert en géopolitique, le "Kremlin n'avait pas forcément intérêt" à faire disparaitre tous ces dirigeants du secteur de l'énergie.
"Les rares fois où on a pu relier ce type d'actions aux services de sécurité c'était plutôt pour des personnes avec des rôles politiques, comme l'opposant Alexeï Navalny", explique-t-il à RTL. Là, on est vraiment plus sur des personnages économiques, qui sont des connaissances de longue date et des appuis pour aider au développement économique de la Russie", poursuit l'expert. Depuis le début du conflit en Ukraine et les sanctions internationales, la tension monte dans le secteur de l'énergie, c'est peut-être là qu'il faut chercher un responsable selon certains observateurs.
"Les sanctions occidentales ont fortement réduit la manne pétrolière à se partager entre les différentes entreprises. Tout cela attise les convoitises. Du coup, ces disparitions suspectes pourraient être le résultat de règlement de comptes mafieux", analyse Ulrich Bounat. Selon l'expert, des agents corrompus des services de sécurité, payés par la concurrence, par des oligarques véreux, peuvent aussi être impliqués dans ces décès suspects.
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