Jean Ziegler, vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, est allé dans le plus grand camp de réfugiés d'Europe à Lesbos (Grèce). Il publie Lesbos, la honte de l'Europe, aux éditions du Seuil.
Invité de RTL Soir, il dénonce des "conditions absolument effroyables". "Ces camps de rétention rappellent des camps de concentration. C'est le terme de Médecins Sans Frontières (MSF) qui, à juste titre, désignent ce camp", déplore Jean Ziegler.
Ce dernier dénonce "l'Union Européenne" qui "veut se protéger des réfugiés en les empêchant d'entrer sur le continent européen, en les interceptant et en les enfermant dans un camp de rétention de plus de 34.000 hommes, femmes et enfants". Le camp est initialement prévu pour 3.000 personnes mais 18.000 personnes sont dedans, auxquels il faut ajouter ceux qui sont laissés à eux-mêmes, proches du camp.
Le désespoir amène à des suicides d'enfants
Jean Ziegler, vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l'homme des Nations unies
"La souffrance est multiple. L'hygiène est absente, beaucoup de gens ont la gale, partout il y a des tas d'immondice. La nourriture est insuffisante et souvent avariée, immangeable.
Il y a un médecin militaire pour 18.000 personnes donc pratiquement pas de services de santé et surtout rien n'est chauffé", décrit Jean Ziegler.
Outre la santé, il souligne surtout le "désespoir" des réfugiés. "Depuis 3, 4 ans, ils attendent qu'on examine leurs demandes d'asile qui est un droit humain et universel. Le désespoir amène à des suicides d'enfants. MSF a installé la seule clinique pédopsychiatrique pour les enfants qui s'auto-mutilent avec des couteaux, se coupent dans les bras, dans les jambes", déplore-t-il.
Pour que les choses changent, il faut "une insurrection des consciences". "On fait la chasse à l'homme dans la mer Égée et ensuite on créé des camps d'accueil abominables où les gens sont traités comme des animaux au nom de l'Europe", dit Jean Ziegler.
"Le réfugié n'est pas un ennemi. Il a le droit a la protection et à notre hospitalité, à notre accueil. Il n'y a pas d'impuissance en démocratie. Il faut une insurrection de la conscience, l'opinion publique doit exiger la fermeture de ces camps d'accueil inhumains et abolir la chasse à l'homme dans la mer Égée" .
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