Il y a les victoires qui font la une ce matin, comme la victoire des écologistes à la présidentielle autrichienne, ou la victoire du non au référendum en Italie qui entraîne la chute de Matteo Renzi. Et puis il y a une victoire dont on parle moins, et pour tout vous dire c'est sur les sites d'informations canadiens qu'il faut aller pour en trouver mention : les Indiens ont gagné. Voilà quatre mois que quelque 200 tribus sioux étaient mobilisées contre un projet de pipeline qui devait traverser le Dakota du Nord, raser les terres sacrées, la terre de leurs ancêtres, et polluer leur réserve d'eau potable. C'était le plus grand rassemblement indien jamais organisé aux États-Unis. Des activistes du monde entier les ont rejoints. Jusqu'aux vétérans, plusieurs milliers, qui sont venus s'interposer ce week-end entre le camp des protestataires et les autorités qui avaient donné un ordre d'évacuation pour ce matin. L'évacuation n'aura pas lieu. Les services fédéraux viennent d'annoncer l'étude d'un nouveau tracé. Le chef des Sioux de Standing Rock a remercié Barack Obama pour avoir eu le courage de prendre cette décision, "historique". L'une des dernières du président.
Et pendant ce temps son successeur multiplie les boulettes. Rarement un
simple coup de fil aura déchaîné une telle tempête médiatique. Ce coup de fil,
c'était vendredi soir, la première conversation téléphonique publique entre un
président élu des États-Unis et un dirigeant taïwanais depuis 1979, quand Donald
Trump a accepté un coup de fil du président Tsai Ying-wen. Officiellement Taïwan
et les États-Unis ne se parlent pas. La Chine considère l’île comme partie
intégrante de son territoire. Trump n’aurait donc pas dû parler à la présidente
de Taïwan, même si les liens sont étroits entre Taipei et les États-Unis puisque
Washington a vendu 46 milliards d’armements à Taïwan depuis 1990, rappelle le
journal The Atlantic, soulignant l’immense hypocrisie de ces étranges alliances.
On attendait depuis vendredi la réaction de la presse chinoise, et finalement
elle est assez mesurée. Le China Daily affirme que cet échange est à mettre sur
le compte de l'inexpérience de Trump et qu'il a reçu une importance qu'il ne
mérite pas. Le Global Times souligne lui le caractère "imprévisible" du futur
président américain, et suggère que Pékin renforce son déploiement militaire au
large de Taïwan.
Sur le site Slate, Joshua Keating fait la liste des dernières bourdes de
Trump. Avant le coup de fil à Taïwan, il y a eu un autre coup de fil, cette fois
au Premier ministre pakistanais alors que l'Inde est l'alliée traditionnelle de
l'Amérique. Un peu plus tôt vendredi, le président américain élu a apparemment
invité Rodrigo Duterte à la Maison-Blanche, malgré le fait que le président
philippin a qualifié Obama de "fils de pute" et a encouragé des escadrons de la
mort à tuer des milliers de trafiquants de drogue. "En tout état de cause, écrit
Josha Keating, tout cela est très dangereux. Trump improvise au fil de l'eau. À
ce rythme-là, il est bien parti pour déclencher une crise internationale majeure
avant même sa prestation de serment. S'il reste des personnes, au sein de
l'équipe de transition présidentielle, préoccupées par l'idée de protéger la
sécurité nationale et internationale pendant les quatre prochaines années, il
est impératif qu'elles fassent les deux choses suivantes aussi vite que possible : 1) nommer un secrétaire d'État avec une connaissance basique des
questions internationales et que Trump écoutera, 2) lui retirer son téléphone
immédiatement. Il faudra sans doute une ruse de sioux pour lui faire comprendre
qu'un président ne devrait pas dire ça...
Et une ministre non plus. Oui, c'est l'autre boulette du week-end, Ségolène
Royal et son hommage à Fidel Castro. "De deux choses l'une, écrit Yves Thréard
dans Le Figaro dans un édito intitulé "castritude", ou Mme Royal est atteinte du
syndrome de Stockholm. Dans ce cas, il faut de toute urgence lui proscrire les
missions diplomatiques en terres totalitaires. Pourvu que son agenda ne l'envoie
pas un jour prochain en Corée du Nord ! Ou bien, elle est sincère, et c'est
alors très grave. Elle qui, plus souvent qu'à son tour, aime donner des leçons
de morale serait bien inspirée de vite combler ses lacunes". "Plus c'est gros,
plus c'est Ségo, ironise Denis Daumin dans La Nouvelle République du Centre.
Cette nouvelle perle glissée à un collier largement garni ne l'empêchait pas de
fanfaronner hier, fidèle à elle-même. 'L'histoire jugera', assure-t-elle. La
concernant, c'est fait."
Cela dit, ce n'est pas elle qui fait la une des journaux, tous tournés vers
l'annonce du jour, la candidature de Manuel Valls, le communiqué de Matignon est
tombé à 7h02, mais la presse l'avait bien supposé. "Manuel Valls à l'assaut de
la gauche", titre L'Opinion. "Le PS attend Valls et s'inquiète pour la suite",
titre Le Figaro. Une inquiétude qui fait la une du Parisien-Aujourd'hui en
France, "le grand désarroi du peuple de gauche".
Le grand désarroi des amoureux de la BD aussi. La presse rend un très bel hommage à Gotlib qui s'est éteint hier à l'âge de 82 ans. Le site de Fluide Glacial, la revue qu'il avait fondée, s'affiche ce matin sur fond noir avec un simple message au-dessus d'une photo : "Merde, remerde, super merde, Gotlib est mort. Quelle année massacre !" Gotlib fait la une de Libération, auto portrait du maître et simplement en titre "Glacial". "Chacun à un moment donné a accroché à une de ces histoires", dit de lui Libé, qui retient parmi les personnages créés par Gotlib, Superdupont. Ce superman à moustache, béret basque et ceinture bleu blanc rouge né en 72 sous Pompidou, pastiche de "franchouillardise" qui criait avec sa baguette sous le bras : "Et maintenant sauvons la nation française !" Un symbole que l'extrême droite avait tenté de reprendre. "Il y a des œuvres majeures qui peuvent être comprises de travers", se désole Yan Lindingre, le rédacteur en chef de Fluide Glacial. Avant d'ajouter : "C'est le drame de l'humoriste, on n'y peut rien si il y a des cons". Gotlib lui est enfin pépère.
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