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3 min de lecture
Le câble sous-marin à très haut débit "SEA-ME-WE 5" reliant Singapour à la France,
Crédit : AFP
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C'est la toile, en vrai. Un million trois cents mille kilomètres de câbles qui serpentent sous les océans du monde entier pour nous permettre d'accéder à Internet, de téléphoner, d'envoyer des mails.
Généralement, ils sont juste posés sur les fonds marins, parfois enfouis quand les eaux sont peu profondes. Gros comme un tuyau d'arrosage, jusqu'à dix centimètres de diamètre. À l'intérieur, il y a de la fibre optique, comme à la maison, mais évidemment les distances sont bien plus longues.
Pour que le signal ne perde pas en puissance, on place des répéteurs, tous les 80 kilomètres. Le câble le plus long sera mis en service l'an prochain pour relier l'Europe, l'Afrique et l'Asie. Sa longueur : 45.000 kilomètres.
Ces câbles sont devenus un enjeu militaire et stratégique car cette technologie achemine 95% des communications dans le monde entier. Si un pays ou un continent venait à être privé de ces communications, il deviendrait en quelques sortes sourd, muet et aveugle. C'est ce qu'il s'est passé en 2014 lorsque la Russie a envahi la Crimée.
Ces câbles sont vulnérables car ils sont simplement posés au fond de l'océan. Avec un câble long de 7.000 kilomètres entre les États-Unis et l'Europe, il est impossible d'aller surveiller chaque portion en haute mer. Ils sont d'autant plus vulnérables qu'ils sont assez faciles à couper. Il suffit qu'un bateau en attrape un avec un grappin pour le couper, ou, plus sophistiqué, à l'aide d'une charge explosive placée par un plongeur.
Chaque année, une centaine de pannes de câbles sont recensées à travers le monde. Soit coupées involontairement par un chalutier, soit à la suite d'un glissement de terrain. Heureusement, ces câbles se réparent très facilement. Il suffit de quelques jours pour envoyer un bateau sur place et intervenir.
Ces infrastructures sont aussi en proie aux vols. En 2017, des pirates ont découpé une cinquantaine de kilomètres de câbles pour revendre le cuivre que l'on trouve à l'intérieur. Ils sont aussi au coeur d'affaires d'espionnage, comme avec l'opération Dunhammer révélée l'été dernier, qui a vu certains grands dirigeants européens placés sur écoute par les États-Unis avec la complicité du Danemark qui a laissé l'accès aux câbles de télécommunication qui transitent par ses bases.
Techniquement, les Russes seraient en mesure de saboter l'Internet mondial. C'est d'ailleurs une question qui préoccupe l'Otan. De plus en plus, on voit des navires militaires russes qui sillonnent les zones irlandaises où sont situés des câbles. En août dernier, on a vu un bateau russe océanographique, connu pour ses activités d'espionnage, accompagné d'un sous-marin descendu à 6.000 mètres de profondeur.
De là à passer aux actes, il reste un grand pas à franchir. Déjà, l'emplacement des câbles n'est pas exactement connu. Leurs cartes sont volontairement imprécises. Le secret est bien gardé même si leur position peut être communiquée à des bateaux pour ne pas qu'ils percutent les installations.
Pour qu'une opération de sabotage ait un impact significatif, par exemple pour priver l'Europe d'Internet, il faudrait couper tous les câbles reliant le continent aux autres zones. Une perspective peu probable alors qu'il en existe une quinzaine rien qu'entre l'Europe et les États-Unis.
En outre, une telle opération serait perçue comme un acte de guerre en cas de revendication. Elle aurait aussi des répercutions sur la Russie, qui dépend elle-même de ses infrastructures, même si Moscou a commencé à relocaliser un certain nombre de serveurs sur son territoire pour s'en émanciper.
Ces câbles représentent des enjeux économiques majeurs. Une atteinte à ces liaisons aurait des conséquences dans de nombreuses activités reposant sur des transferts d'informations en temps réel, comme le trading haute fréquence, par exemple, qui s'appuie sur des ordinateurs donnant des ordres à la nano-seconde. Le système 3D-Secure, utilisé pour ajouter une couche de protection aux achats réalisés en ligne, pourrait lui aussi pâtir d'un éventuel ralentissement d'Internet.
La France est concernée aussi. On recense 23 câbles sous-marins répartis le long des côtes françaises. En moyenne, ces câbles coûtent 700 millions d'euros. Le dernier, Dunant, a été mis en service il y a un an. Nommé en hommage au fondateur de la Croix Rouge, il relie l'état de Virginie à la Vendée, et est le fruit d'un partenariat entre Google et Orange. Un second est en train d'être posé entre le Massachusetts et la Gironde, le câble Amitié. Il sera sûrement opérationnel cet été.
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