Irlande du Nord : pourquoi y a-t-il de nouvelles tensions entre unionistes et républicains ?

En Irlande du Nord, dans la nuit de samedi 10 au dimanche 11 août, des heurts ont éclaté entre des républicains irlandais opposés à la domination britannique et les forces de l'ordre, faisant dix blessés au sein de la police, selon cette dernière. 

Ces violences ont duré plusieurs heures à Londonderry (appelée Derry par les républicains), à l'issue d'une marche d'unionistes protestants attachés à l'appartenance à la Couronne britannique, dans cette ville où les catholiques sont majoritaires.

Une cinquantaine de jeunes s'en sont pris aux forces de l'ordre, déployées en nombre pour cet événement afin d'éviter des tensions. "Des feux d'artifice, des cocktails Molotov et d'autres projectiles ont été utilisés pour attaquer la police", a précisé cette dernière dans un communiqué. Dix agents ont été blessés, a-t-elle précisé, qualifiant ces violences d'"inacceptables" et "révoltantes".

Un conflit communautaire ravivé

Ces jeunes républicains accusent des groupes paramilitaires unionistes d'avoir attisé des émeutes anti-immigration à la suite de l'attaque au couteau qui a tué trois fillettes en Angleterre. Un conflit communautaire vieux de plus de 60 ans serait-il sur le point de se raviver ?

Selon le politologue, Peter McLoughlin, les dernières violences au Royaume-Uni s'inscrivent dans "la même dynamique que les manifestations anti-immigration dans les zones ouvrières à la population blanche d'Angleterre, en République d'Irlande et dans le reste de l'Europe". "Mais en Irlande du Nord, elles s'inscrivent aussi dans des dynamiques politiques liées aux divisions communautaires", ajoute-t-il.

Unionistes contre républicains, une histoire qui dure

Les émeutes entraînées par l'extrême-droite ont eu lieu surtout dans les quartiers unionistes, essentiellement protestants, attachés à l'appartenance au Royaume-Uni, après un rassemblement anti-immigration le 3 août. "Les loyalistes ont eu le sentiment, tout au long du processus de paix, (...) que leur communauté et l'identité britannique étaient menacées", estime Peter McLoughlin.

Certains pensent donc qu'ils "doivent empêcher de venir ceux qui sont vus comme extérieurs, qui soi-disant prennent leurs emplois et logements protestants, et viennent empiéter sur une population autrefois dominante", ajoute l'universitaire.

La victoire, autrefois impensable, du Parti républicain, Sinn Féin aux dernières élections locales, ou encore le dernier recensement montrant que les catholiques sont désormais plus nombreux que les protestants, ne sont pas pour rassurer les unionistes.  

Pourtant, la province britannique présente des niveaux d'immigration bien plus faibles que le reste du Royaume-Uni ou que l'Irlande voisine. Selon le recensement de 2021, seule 6% de la population est née en dehors de ces deux pays et 97% des gens interrogés se déclarent "blancs".

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