Devant son immeuble calciné, Olha fume nerveusement une cigarette. Cette femme de 52 ans se souvient très bien des heures d’angoisses qu'elle a passées avec son mari et ses voisins. "Dès le 25 février, on est tous descendus dans la cave", raconte-t-elle. "Et par une toute petite ouverture, on voyait les tanks russes passer et tirer sur les immeubles. Et puis, le 1er mars, il y a eu un gros bombardement, et notre appartement a été en partie détruit.
Olha et son mari sont en vie, mais leur entreprise et leur appartement sont détruits. Ils arrivent à quitter la ville. Quelques heures plus tard, les Russes pénètrent dans leur immeuble et pillent plusieurs appartements.
Revenu à Borodyanka en juillet dernier, le couple vit désormais dans un préfabriqué à deux kilomètres de chez eux. Une petite chambre, un lit superposé, deux placards. 250 habitants vivent comme eux dans ces centres d'hébergements payés par la Pologne. "Quand on n’a plus rien, comme nous, cet endroit c’est le paradis. Il y a tout : chauffage, eau, électricité. Nous sommes chanceux d’avoir eu une place ici."
Le couple a retrouvé un certain confort… mais reste traumatisé. "Même après un an je ressens encore la peur. Dès qu’il y a un bruit plus fort qu’un autre, je me mets à trembler sans m’arrêter. Je sais qu’il n’y a plus de combat ici, ni de bombardement. Mais mon corps ne peut s’empêcher de trembler."
Olha et son mari rêvent de retourner vivre chez eux. Ils espèrent faire des travaux au printemps et accueillir leur fille réfugiée en Turquie.