Après plusieurs mois de guerre, la situation est toujours critique en Ukraine. Dans la région de Kherson, dans le sud du pays, les autorités prorusses ont appelé samedi 22 octobre les civils à quitter "immédiatement" la capitale régionale, face à l'avancée de la contre-offensive de Kiev.
Dans le sud-ouest du pays, les routes sont étonnamment chargées. Les camions et les voitures forment de longues files dans les deux sens, sur des revêtements plus ou moins en bon état. La route entre la Moldavie et Odessa est même devenue la plus fréquentée de la zone. Y passent des Ukrainiens qui fuient leur pays, des militaires qui se ravitaillent ou encore des camions chargés de céréales pour l'Europe.
"Je viens récupérer des affaires pour les deux enfants", explique Anna, originaire d'Odessa, au poste frontière. Sa famille a trouvé refuge en Moldavie il y a un mois après une nouvelle attaque. "Un obus est tombé à 700 mètres de chez nous", assure la mère de famille qui fait la route dans l'autre sens, mais uniquement pour un aller-retour. "On ne va pas rentrer tout de suite", insiste-t-elle.
À côté, le va-et-vient quotidien des camions chargés de blé fait toujours autant de bruit. Nuit et jour, des milliers de poids lourds parcourent les routes du sud de l'Ukraine pour faire sortir les céréales du pays vers l'Europe et l'Afrique. Comme la majorité des ports sont fermés, beaucoup se rabattent donc sur la route, créant des immenses files de plusieurs kilomètres.
Non loin d'un rare port encore en activité, à l'est d'Odessa, la queue a atteint plus de quatre kilomètres de long. "Cela fait quatre jours que l'on attend", indique Dmytro, un des chauffeurs à l'arrêt. "Un drone kamikaze iranien s'est écrasé sur l'alimentation électrique du port. Sans électricité, on ne peut plus décharger, tout est à l'arrêt et donc on prend notre mal en patience", détaille l'homme venu de Mykolaïv avec un chargement de maïs. Selon lui, il va encore devoir attendre au moins quatre autres jours.
L'autre gros problème de l'Ukraine est l'électricité. Les Russes ciblent les infrastructures essentielles du pays. Ils détruisent les centrales électriques et les approvisionnements énergétiques pour empêcher les Ukrainiens de s'éclairer et de se chauffer à l'approche de l'hiver. Samedi, le président ukrainien a estimé qu'un million de personnes n'avaient plus d'électricité. Pour économiser cette énergie, il a été demandé aux Ukrainiens de ne pas faire tourner de machines énergivores aux heures de pic de consommation.
Lorsque la nuit tombe, sur les routes, des villages entiers sont plongés dans le noir. Dans la plupart des grandes villes, les éclairages publics sont également éteints. Dans les appartements, on s'emmitoufle, car le chauffage n'est pas allumé. Pour le moment, les températures sont encore plutôt douces pour la saison, mais les prochaines semaines seront critiques.
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