Guerre en Ukraine : "Ils croyaient que j’étais mort", témoigne un vétéran russe mutilé sur RTL

Des soldats russes reviennent mutilés du front ukrainien. Alors que Moscou garde le silence et ne publie pas de chiffres officiels sur ses pertes, les experts internationaux estiment que près d’un million de soldats ont déjà été tués ou blessés.

RTL a rencontré Maxim, un vétéran blessé, de retour chez lui, dans son village situé à 60 kilomètres de Moscou. Son témoignage illustre toute l’horreur de cette guerre, mais également la détermination de l’armée russe à l’emporter face à l’Ukraine. 

De retour du front, Maxim vit désormais sur une chaise roulante, il profite des fleurs et de la tranquillité de son jardin. Mâchoire carrée, cheveux courts, ce vétéran de 47 ans porte fièrement son costume militaire qui laisse entrevoir ses moignons. Cette guerre en Ukraine lui a pris ses bras et ses jambes. 

Resté seul dans un champ pendant 12 heures

L’homme raconte avoir été mobilisé deux ans dans un unité d’infanterie. En juillet 2024, il est grièvement blessé, près de Koupiansk, lorsque son groupe a reçu l’ordre de reprendre un village à l’armée ukrainienne.

"Quand nous avons rejoint notre position, nous avons été repérés par les Ukrainiens. J’ai été visé par un drone kamikaze. J’étais près d’un arbre, à découvert, il a percuté mon casque et explosé au-dessus de moi. J’ai été soufflé par une pluie d’éclats et un mélange incendiaire, mon corps brûlait, j’ai vu mes bras et mes jambes en partie déchiquetés, je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Mon objectif était de me sortir de là", revient-il aujourd’hui au micro de RTL.

Allongé par terre sous les tirs, alors que ses camarades lui posent des garrots, il s’accroche, tente de fixer leur visage pour tenir le coup. "Je perdais beaucoup de sang, une première équipe d’évacuation a tenté de venir me chercher, mais elle n’a pas réussi. Ils essuyaient des tirs de char. Je suis resté seul dans un champ pendant 12 heures, j’ai beaucoup prié, je me suis dit que j’allais mourir ici. J’ai réussi à me traîner par terre pour me saisir d’un talkie walkie et communiquer avec les miens, ils croyaient que j’étais mort. Un véhicule est arrivé pour m’emmener à l’hôpital, mais il n’y avait rien à faire, j’ai été amputé des quatre membres", explique Maxim.

J’ai dû tout réapprendre, prendre conscience que ma vie ne serait plus jamais la même

Maxim, vétéran russe, sur RTL

Le militaire passe 38 jours à l’hôpital en réanimation. À son réveil, l’armée lui annonce qu’il va rejoindre un centre de réhabilitation. Cet ancien professeur de sport et champion de karaté se considère comme un miraculé : "J’ai dû tout réapprendre, prendre conscience que ma vie ne serait plus jamais la même. Il a fallu pouvoir se redresser, s'asseoir et accepter que je dépendrai désormais, jusqu’à la fin de mes jours, de l’aide des autres. Mais à l’intérieur, je suis resté le même, je suis une personne créative, j’ai encore tant de projets. Aujourd’hui, beaucoup de personnes trouvent une motivation à travers mon exemple car j’ai prouvé qu’on pouvait s’en sortir."

Aujourd’hui, Maxim fait la fierté et l’admiration de sa famille. Ce soldat a été décoré, invité, le 9 mai dernier, sur la place Rouge pour assister à la parade militaire aux côtés de Vladimir Poutine. Ses trois enfants le voient comme un héros, le considèrent comme la nouvelle élite de la nation. Son épouse, Svetlana, essuie ses larmes lorsqu’elle évoque le parcours de son mari. Elle ne pensait pas le voir revenir vivant du front. 

"On m’a prévenu qu’il ne fallait pas que je pleure, qu’il ne fallait pas que je m'évanouisse. Quand je l’ai vu, ça a été un choc. Je me suis dit : ‘Qu’est-ce qu’il faut faire ?’ Personne n’aurait pu imaginer une telle blessure, c’est Dieu qui décide. Il est vivant et c’est le plus important. Lorsque l’opération spéciale a commencé, il savait qu’il irait, il n’était pas question de s’enfuir, de se cacher. Je l’aime et l’admire pour ça", dit-elle.

Il garde foi en l'armée russe

Dans cette famille russe, dont les descendants ont combattu pour l’Union soviétiques, le soutien à la ligne du Kremlin est inébranlable. Le vétéran reste direct sur le montant de son indemnisation, probablement plus de 60.000 euros. L’État lui a même réservé un poste de professeur au sein d’un institut militaire. 

"Je sais pourquoi je suis allé combattre la base et ce que j’allais y faire, je ne regrette rien. Mes grands-parents se sont battus en 1945 contre l’Allemagne nazie, j’ai fait la même chose. Le nazisme est une chose terrible dont nous devons nous débarrasser pour vivre dans un monde meilleur. Si ce n’est pas nous qui le faisons, qui le fera ? Beaucoup de gens me remercient pour cela, je suis fier d'avoir fait mon devoir, d’avoir servi dans l’armée russe et protégé mon pays", clame-t-il. 

Maxim est aujourd’hui persuadé que Moscou gagnera son combat contre Kiev. Avec son argent, lui rêve de s’acheter une maison pour passer du temps au bord de la mer, loin de cette guerre.

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