Alors que la Russie a reconnu, pour la première fois ce vendredi 22 mars, être en "guerre" contre l'Ukraine, Bruxelles a proposé d'imposer des droits de douane "prohibitifs" sur les produits agricoles russes importés dans l'Union européenne.
L'objectif est d'"assécher une source importante de revenus permettant [à Moscou] de financer sa guerre d'agression" et de "mettre un terme à la pratique russe consistant à exporter illégalement des céréales ukrainiennes volées vers l'UE", explique le commissaire chargé du Commerce Valdis Dombrovskis.
"Nous avons vu ces importations augmenter considérablement en 2023. Ces droits de douane prohibitifs les rendront non viables sur le plan commercial", les empêchant de "déstabiliser" le marché européen, a-t-il également développé.
La Russie a exporté au total 4,2 millions de tonnes de céréales, d'oléagineux et produits dérivés vers l'UE en 2023 (dont 1,5 million de tonnes pour les seules céréales), pour une valeur de 1,3 milliard d’euros. Les volumes sont bien plus limités pour le Bélarus (610.000 tonnes, valant 246 millions d'euros), proche allié de Moscou et également visé par Bruxelles. Des volumes qui restent au moins dix fois inférieurs à ceux importés d'Ukraine, et qui ne constituent qu'une infime partie de la consommation européenne.
Le Kremlin a immédiatement réagi, en soulignant que les "consommateurs" européens "souffriront" de cette décision.
En vertu des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), la plupart des produits agricoles russes, notamment les céréales, sont jusqu'à présent exemptés de droits de douane dans l'UE, et les rares produits taxés le sont très faiblement. Dans les différents trains de sanctions adoptées contre Moscou après l'invasion de l'Ukraine en février 2022, les Européens avaient pris soin de ne cibler ni le secteur agricole, ni les engrais.
Ils redoutaient de déstabiliser les échanges de céréales dans le monde et de fragiliser la sécurité alimentaire de pays d'Asie et d'Afrique, très dépendants de la puissance agricole russe.
Une annonce qui devrait ravir Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien regrettait, jeudi, que "l'accès de la Russie au marché agricole européen reste illimité" et "sans restrictions". "Lorsque des céréales ukrainiennes sont jetées sur la route [par des agriculteurs polonais mécontents, NDLR], des produits russes et biélorusses continuent d'être acheminés vers l'Europe", avait-il poursuivi, dénonçant une situation "injuste".
"Les nouveaux tarifs sont conçus pour être suffisamment élevés pour décourager les importations actuelles. Selon le produit spécifique, ils passeront soit à 95 euros par tonne, soit à un droit de 50 %" selon les produits, explique l'exécutif européen.
En outre, la Russie et le Bélarus "n'auront plus accès aux quotas céréaliers de l'OMC accordés par l’UE, qui offrent un meilleur traitement tarifaire pour certains produits", ajoute-t-il.
Cette proposition, qui intervient sur fond de mouvement de colère des agriculteurs à travers l'Europe, devra être entérinée par une majorité qualifiée d'États membres, soit au moins quinze pays représentant 65 % de la population de l'UE, mais ne nécessitera pas l'aval des eurodéputés. Un processus plus aisé et rapide que l'adoption d'un embargo total, qui nécessiterait l'unanimité des Vingt-Sept.
Mais cette mesure n'est pas suffisante pour la République Tchèque, la Pologne et les trois États baltes, qui réclament une interdiction complète des importations de céréales en provenance de Russie et du Bélarus. "Nous considérons comme impératif de remplir notre obligation morale de bloquer toute activité pouvant potentiellement renforcer" la Russie, ont déclaré plus tôt cette semaine les ministres de l'Agriculture de ces cinq États, dans une lettre à la Commission consultée par l'AFP.
Le mois dernier, la Lettonie a déjà interdit l'importation de produits alimentaires de Russie et du Bélarus.
En revanche, ces droits de douane élevés ne concerneront pas le transit via l'UE de céréales et autres produits agricoles à destination de pays tiers, par exemple en Afrique ou au Moyen-Orient, afin de "préserver la sécurité alimentaire mondiale", souligne la Commission. Les engrais ne sont pas non plus ciblés.
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