À Mykolaïv, dans le sud de l'Ukraine, le quotidien des habitants est rythmé par les bombardements et les coupures d'eau. Cette ville, située à proximité de Kherson, est hautement stratégique pour les Russes. Elle est en effet le verrou vers Odessa sur la mer Noire, où sont fabriqués les navires militaires ukrainiens.
Au début de l'invasion, les hommes de Vladimir Poutine ont donc essayé de prendre la ville, mais ils ont été mis en échec par l'armée ukrainienne. Depuis, Mykolaïv est bombardée presque quotidiennement. "On peut dire qu'ils tirent toutes sortes de missiles sur nous, tout ce qu'ils ont en stock", explique Dimitri Pletenchouk. Selon cet homme, qui travaille à la mairie, "une vingtaine de bâtiments sont touchés à chaque frappe, donc nos dégâts se comptent en dizaine de milliers de structures".
Depuis le début de la guerre, Mykolaïv n'a connu "que 38 jours sans bombardements", ajoute-t-il. Les autres sont rythmés par le son des sirènes d'alerte. Les rues, elles, sont vides. Avant le conflit, la ville comptait un demi-million d'habitants. La moitié d'entre eux sont désormais partis.
L'autre difficulté dans cette grande ville est l'absence d'eau potable. Tous les réseaux d'approvisionnement ont été détruits par des frappes russes et les habitants sont privés d'eau depuis des semaines. Celle qui coule dans les robinets est jaune et salée, alors des camions citernes parcourent la ville pour distribuer de l'eau potable.
Une citerne de 27.000 litres d'eau avec des tuyaux et des robinets. "Je viens ici, car nous n'avons plus d'eau. Ce sont les Russes qui ont fait ça, regardez comment on vit ! Je viens plusieurs fois par jour car je ne peux pas tout porter en une fois, j'ai 70 ans", s'insurge un retraité venu remplir des bidons de cinq litres. À côté de lui, Olga confie avoir peur. "Mais en même temps on s'habitue à tout ça, aux explosions, au manque d’eau", assure-t-elle.
Cette quadragénaire aux yeux bleus, très maigre et emmitouflée dans une doudoune noire a déjà dû quitter le Donbass en 2014, "alors je suis résignée". Elle ne reste pas longtemps dehors, car cela peut être dangereux. Une semaine auparavant, une frappe russe a touché une boulangerie au petit matin, tout près d'un point de distribution.
Les habitants se préparent aussi à passer un hiver difficile, d'autant qu'il peut faire très froid dans le sud de l'Ukraine. Les habitants craignent que les installations de chauffage collectif finissent par être touchées. "Le problème ici est que sans électricité, on ne pourra pas puiser l'eau et la ville n'a pas du tout anticipé ce problème", s'inquiète Dmitro, un des livreurs d'eau. "Si on perd l'électricité, on perd l'eau", résume-t-il. Des centres de distribution ont prévu d'ouvrir dans les écoles, les hôpitaux et autres bâtiments publics.
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