Tous les regards sont tournés vers l'hôpital Al-Shifa dans le nord de la bande de Gaza. C'est là que, très tôt ce mercredi matin, l'armée israélienne dit avoir lancé une opération "ciblée". Il est assez compliqué voire impossible de vérifier les informations qui nous parviennent, aucun journaliste n'est autorisé sur place.
Cet hôpital au cœur de la ville de Gaza est un très grand complexe de plusieurs bâtiments situé près du camp de réfugiés de Al-Shati, non loin de la mer, au centre de la ville. La zone est extrêmement peuplée et construite. Cet hôpital est le plus ancien et le plus important de la bande de Gaza, il n'a cessé de s'agrandir depuis sa création en 1946 avec aujourd'hui une capacité de 700 lits. On y pratique la chirurgie réparatrice, de la chirurgie de guerre. Il y a également une aile de pédiatrie, une maternité, des urgences, un service pour les grands brûlés. Des centaines de médecins palestiniens et étrangers travaillent dans cet établissement qui est financé par des bailleurs internationaux.
Cet hôpital est particulièrement important pour les habitants de Gaza qui le considèrent comme un lieu dans lequel ils peuvent se sentir en sécurité. Comme tous les hôpitaux dans tous les conflits du monde, l'hôpital Al-Shifa est protégé au regard du droit humanitaire international, c'est pourquoi les Gazaouis s'y réfugient massivement à chaque guerre. Pendant ces 40 jours de guerre, il y a eu jusqu'à 50.000 personnes réfugiées autour et à l'intérieur de l'établissement.
Les hommes du Hamas et du djihad islamique se servent également de cette protection. En 2014, pendant la guerre, certains responsables donnaient des interviews à la presse étrangère dans la cour de l'hôpital. Selon l'armée israélienne, qui légitime ainsi ses fameuses opérations ciblées, le Hamas a installé son quartier général sous l'hôpital. L'armée affirme avoir des preuves que le Hamas utilise les sous-sols de l'hôpital comme centre de commandement et comme stock d'armes. Elle pense aussi que des otages y sont retenus.
Pour mener ce raid, l'armée israélienne a obligé patients, médecins et déplacés à évacuer l'hôpital afin de déloger les combattants du Hamas qui pourraient s'y trouver. Mais plus de 2.000 personnes se trouveraient encore sur place, des médecins, des patients et leurs familles qui affirment ne pas être en mesure d'évacuer.
Il est souvent question de réseaux tentaculaires de tunnels sous la ville de Gaza. Le Hamas et des ONG présentes sur place démentent, l'armée israélienne en est certaine. Ce narratif existe depuis plus d'une décennie, mais aucune preuve tangible n'a été dévoilée par Israël. En revanche, Amnesty International a dénoncé la présence de salles d'interrogatoire du Hamas au sein de l'hôpital. La Croix rouge, l'OMS et l'ONU se disent très inquiets et rappellent que le personnel médical, les patients et les civils doivent être protégés en tout temps et à tout moment.
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