La Turquie risquait gros. Trop gros sans doute, pour Erdogan, qui aura finalement renoncé à expulser dix ambassadeurs occidentaux. Ces diplomates, dont il avait pourtant ordonné le départ (États-Unis, Canada, France, Finlande, Danemark, Allemagne, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège et Suède) s'étaient mobilisés en faveur du mécène et homme d'affaires Osman Kavala, emprisonné depuis quatre ans sans jugement.
Les diplomates ont "reculé" et "seront plus prudents à l'avenir", a déclaré le chef de l'Etat au terme d'une réunion de son gouvernement de plusieurs heures. Entre difficultés économiques accrues et perspective d'isolement international, les raisons à ce renoncement étaient, semble-t-il, trop nombreuses pour Ankara.
Inflation galopante, livre turque en chute libre et sondages donnant Recep Tayyip Erdogan perdant en 2023... Pour certains analystes, les menaces d'expulsion étaient une manœuvre risquée du président turc pour détourner l'attention sur la situation actuelle du pays."Erdogan est en train de puiser dans son fonds de commerce populiste pour faire diversion des vrais enjeux actuels de la Turquie", estime Hasni Habidi, professeur de relations internationales.
Une décision d'Erdogan d'expulser les dix ambassadeurs aurait signifié "s'aliéner dix membres de l'OCDE, sept alliés de l'Otan, six pays de l'UE, cinq partenaires économiques clés, quatre puissances du G7, deux États possédant un droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU et un allié de défense essentiel", les États-Unis, fait valoir Soner Cagaptay, responsable d'un programme de recherche sur la Turquie à Washington.
Autre raison à ce revirement, la Turquie pouvait difficilement prendre le risque de se fâcher avec l'Allemagne, son premier partenaire commercial, et les Pays-Bas, premier investisseur étranger dans le pays avec 16% environ du total. L'Union européenne, dont six pays étaient visés par Ankara, a absorbé en 2020 plus de 41% des exportations turques, tandis que 33,4% des importations turques provenaient de l'UE.
Une nouvelle dégradation de l'économie aurait risqué de nuire à la popularité, déjà entamée, du président Erdogan, qui a bâti ses succès électoraux des deux dernières décennies sur ses promesses de prospérité.
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