Aux États-Unis, il n’y a pas l’équivalent de la loi Veil, c’est une décision de la Cour suprême en 1973 qui a accordé le droit à l’interruption volontaire de grossesse. Et donc les efforts des anti-avortement se portent sur la Cour suprême. Le candidat Trump en avait fait un argument de campagne très efficace en 2016 en promettant de nommer des juges vraiment conservateurs et anti IVG dans toutes les cours fédérales, jusqu’à la Cour suprême. C’est ce qu’il a fait, il a tenu promesse, et c’est d’ailleurs l’une des réussites que citent beaucoup de ses électeurs.
Trump a fait nommer à la Cour suprême, deux juges solidement conservateurs et anti avortement. Nommés à vie, ils siégeront peut-être encore dans 30 ou 40 ans. Plusieurs États dirigés par des républicains ont senti qu’il y a là une occasion historique, se sont engouffrés dans la brèche, ont pris des mesures de restriction, sachant qu’elles seraient contestées en justice, et que ça remonterait jusqu’à la Cour suprême.
Celle-ci avait déjà une majorité conservatrice, 5 juges nommés par des présidents républicains, 4 par des présidents démocrates. Mais avec les deux nommés par Trump, la majorité est plus clairement anti IVG. Les républicains voulaient donner l’occasion à cette Cour Suprême, plus conservatrice, de prendre des décisions historiques pour supprimer ou au moins détricoter autant que possible ce droit à l’IVG.
Ce lundi, c’était la premier grande décision sur l’avortement depuis que les deux juges ont été nommés par le président. L’affaire concerne des restrictions prises par l’État de Louisiane, sur les médecins autorisés à pratiquer l’avortement. Il n’y aurait plus eu qu’une seule clinique dans l’état où des avortements auraient pu être pratiqués. C’est une manière détournée de détricoter le droit à l’IVG à défaut de pouvoir totalement l’interdire.
Mais déception pour les républicains, le président de la Cour, un conservateur, a décidé de voter avec les 4 juges libéraux, nommés par des présidents démocrates. C’est une défaite de la stratégie des mouvements conservateurs, mais dans les prochains mois d’autres cas, venus d’autres États, vont remonter jusqu’à la Cour suprême et pourraient remettre en cause de manière plus directe le droit à l’avortement.
C’est la troisième fois ce mois-ci que le président de la Cour suprême, conservateur, nommé par George Bush, vote avec les 4 juges libéraux, et fait basculer la majorité. Sur les réseaux sociaux beaucoup de trumpistes l’accusent d’être un traitre, mais le président Trump pourrait se servir de cette situation pour réutiliser l’argument de 2016 : même si vous ne m’aimez pas, votez pour moi, car si Biden est élu, il nommera des juges libéraux qui renforceront le droit à l’avortement ou pourraient remettre en cause la législation sur les armes.
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