Trois semaines après l'investiture de Joe Biden, les observateurs de la vie politique américaine ont pu tirer un premier enseignement : Kamala Harris est omniprésente. Pour preuve, la vice-présidente est souvent debout derrière le 46e président des États-Unis lorsque ce dernier signe les ordonnances présidentielles. Une présence qui n'a rien d'un hasard. Les équipes du démocrate ont en effet reçu des instructions très claires : Kamala Harris doit être mise sur le devant de la scène.
Joe Biden fait tout son possible pour traiter sa vice-présidente, première femme et première Afro-Américaine à ce poste, comme son égale. Ils passent par conséquent beaucoup de temps ensemble : la pandémie de Covid-19 limitant les voyages, le duo est bien plus présent à Washington qu’il ne le serait en temps normal. Ils se voient donc 4 à 5 heures par jour.
Joe Bident et Kamala Harris commencent la journée en assistant tous les deux à un premier briefing quotidien dans le Bureau Ovale - une tradition qui avait été stoppée par Donald Trump. Ils ont également instauré un déjeuner hebdomadaire en tête à tête.
Cette volonté de Joe Biden de mettre en avant sa vice-présidente tient avant tout à la personnalité même du chef de l'État. Joe Biden est en effet très emphatique et n’a pas de problème à déléguer, à s’effacer pour laisser des spécialistes sous les projecteurs. Il est également un ardent défenseur de l'inclusion. Le démocrate avait par exemple pris Barack Obama par surprise lorsqu’il s’était prononcé en faveur du mariage gay. Le président Obama n’avait alors pas eu d’autre choix que de le suivre.
Alors, si Joe Biden a désigné la première femme vice-présidente, ce n'est pas pour la laisser croupir dans un coin. Il compte bien lui donner toutes les opportunités de montrer qu'il a réalisé un bon choix. Joe Biden a fait le voeu d’unifier et d’égaliser comme il le peut cette société qui sort de quatre années de divisions exacerbées et encouragées. Quatre années durant lesquelles les Américains, et les communautés afro-américaines en particulier, ont dû se confronter au thème du racisme systémique avec le meurtre de George Floyd et les manifestations qui ont suivi.
Il est d’autant plus important de montrer une vice-présidente afro-américaine au travail. Cette stratégie fonctionne d'ailleurs sur plusieurs plans : le jour où Joe Biden annonçait avoir acheté 200 millions de doses de plus du vaccin, Kamala Harris se faisait vacciner devant les caméras. Le public afro-américain, rassuré, s’est rué sur les rendez-vous. Il est plus facile de faire passer un message du gouvernement pour cette communauté via la vice-présidente.
Pour l'heure, Joe Biden n'a pas assigné de portefeuille précis à Kamala Harris. Il a préféré confier à sa vice-présidente des tâches stratégiques - comme celle d’appeler le patron de l’OMS pour lui annoncer le retour des États-Unis au sein de l’organisation.
Kamala Harris prend un peu de temps pour se sculpter un rôle sur mesure, qui réponde au caractère historique de son poste. Mais il paraît qu’elle est impressionnée par la visibilité que veut lui donner le président Biden, ainsi que ses encouragements. Féministe, elle comprend certainement encore plus maintenant le besoin du symbole que ce soit un homme blanc qui passe le flambeau à une femme noire, dans cette société encore très machiste et assez raciste.