ÉDITO - François Lenglet revient sur les chiffres record de l'immigration

L'OCDE indique que 2022 a signé le record absolu du nombre d’étrangers arrivés dans les 38 pays de l'organisation, avec les États-Unis et l’Allemagne en tête. Ce sont les deux premiers pays d’immigration au monde. L’année dernière, les flux d’immigrés permanents ont augmenté de 26% par rapport à 2021, et de 14% par rapport à 2019, avant la crise sanitaire qui avait fait chuter considérablement les mouvements. Et toujours selon l’organisation internationale, les premiers éléments de 2023 indiquent qu’un nouveau record se prépare pour cette année.  

Ces flux concernent 6,1 millions d'immigrés permanents, selon les chiffres officiels. Sans compter les 4,7 millions d'Ukrainiens qui ont fui la guerre et se sont installés dans un pays de l’OCDE, pour beaucoup en Allemagne. Sans compter encore les près de 2 millions d’étudiants étrangers, arrivés pour beaucoup au Royaume-Uni. Dans ce dernier pays, on a d’ailleurs constaté un taux d’abandon précoce des études très élevé chez les étrangers, laissant penser que la procédure est détournée pour faciliter l’installation de personnes qui n’ont aucune intention de faire des études. Et sans compter enfin les permis de travail temporaires.

Cette augmentation de l’immigration sud-nord n'est pas seulement due au rebond post-covid. Il y a deux causes. L’augmentation du nombre de réfugiés d’abord, à la fois politiques et humanitaires, avec une forte croissance des arrivées en provenance du Venezuela, de Cuba, du Nicaragua et de l’Afghanistan. L’autre élément, c’est la pénurie de ressources humaines dans les pays de l’OCDE, à cause de la démographie. Un facteur qui devrait se renforcer selon l’organisation, qui évalue à cinquante millions le nombre d’immigrés dont les pays membres auront besoin dans les 25 ans qui viennent, pour préserver le financement des systèmes sociaux. Le problème, c’est que ces experts raisonnent avec les données économiques et démographiques, alors que l’immigration, fut-elle nécessaire selon ces données, pose des problèmes d’intégration qui provoque en ce moment le durcissement des politiques d’accueil.

L'Allemagne en pleine contradiction

Et pas qu'en France, avec sa loi sur l’immigration qui est discutée en ce moment au parlement, ou en Italie, qui lutte contre l’immigration illégale. La Suède a pris des mesures fortes pour réduire les aides sociales pour les étrangers et diminuer les titres de séjour, en particulier pour le droit d’asile. Et le pays en pleine contradiction, c’est l’Allemagne. D'un côté, les pénuries de main-d’œuvre sont dramatiques, au point qu’elles freinent la croissance. Rien que cette année, le pays a accueilli plus d’un million d’étrangers, pour les seuls chiffres officiels.

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Et de l’autre, la population allemande rejette de plus en plus la politique très accueillante qui avait été mise en place par Angela Merkel, en 2015, et qui s’est traduite par une explosion des demandes d’asiles et des clandestins. Résultat, l’extrême-droite est devenue le second parti du pays et aligne les victoires dans les élections locales. Au point que le Chancelier Scholz envisage désormais de faire un virage complet, en changeant la loi pour permettre l’expulsion plus rapide des clandestins et des droits d’asile déboutés. Contrôles aux frontières et restrictions des aides sociales pour les étrangers sont également au programme. 

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