ÉDITO - Loi immigration : "Il y a fort à parier que cela se terminera avec un 49.3", déplore Alba Ventura
L'examen du projet de loi immigration du gouvernement débutera au Sénat dès le 6 novembre prochain. "Plus l'examen du texte approche, moins on comprend ce qu'il va se passer", estime Alba Ventura.
Veillées d'armes avant l'arrivée de la loi immigration au Sénat, lundi 6 novembre. Plus l'examen du texte approche, moins on comprend ce qu'il va se passer. Rien n’est clair. On ne sait pas dire si la semaine prochaine, Gérald Darmanin va réussir à convaincre une majorité de parlementaires alors que cette loi est terriblement d’actualité, avec la mort du professeur d’Arras Dominique Bernard, tué par un tchétchène qui aurait dû être expulsé. On ne sait pas dire si le texte qui sera présenté sera une loi "et en même temps" : c’est-à-dire durcir l’immigration ET régulariser ceux qui ont un travail (c’est le fameux article 3 qui fait tant débat).
On ne sait pas dire d’ailleurs si cet article restera bien dans la loi ; Gérald Darmanin a l’air de dire qu’il y tient, Elisabeth Borne avait l’air de penser qu’on pouvait s’en passer après avoir diné avec le sénateur LR Bruno Retailleau, avant de démentir. D’autres au gouvernement évoquent un décret, pas une circulaire, ou bien même un autre texte de loi présenté ultérieurement. Donc vous voyez, on n’est pas très avancé.
Cela n’empêche pas le ministre de l’Intérieur de tweeter chaque jour ou presque sur le nombre d’expulsions. Hier soir c’était : 2 étrangers radicalisés renvoyés vers le Maghreb et l’Afrique Subsaharienne. Dimanche, c'était 8 étrangers délinquants renvoyés du territoire national dans leurs pays d’origine. Dans la semaine c’était au total 92 étrangers dangereux expulsés. Allez voir sur le compte de Gérald Darmanin. Je ne sais pas s’il faut s’en réjouir ou s’en inquiéter.
On a bien vu qu’il y avait un match au gouvernement entre le ministre de l’Intérieur et la Première ministre.
Alba Ventura
Qu'est-ce qui coince ? La majorité ? Les Républicains ? C’est tout ça. On a bien vu qu’il y avait un match au gouvernement entre le ministre de l’Intérieur et la Première ministre. Il y a aussi la majorité qui se fracture avec les députés de l’aile gauche qui n’entendent pas abdiquer sur la régularisation des sans-papiers dans les métiers en tension. Le député Marc Ferracci, très proche d’Emmanuel Macron, le dit tout net : "Si cette disposition disparait, je ne voterai pas". C’est le cas du président du groupe macroniste Sylvain Maillard qui a toujours dit "on revendique une double radicalité : radicalité contre ceux qui ne méritent pas d’être sur notre territoire et radicalité pour ceux qui le méritent".
De leur côté, les LR globalement veulent un texte très ferme, notamment les LR de l’Assemblée qui ont d’ailleurs publié hier soir une pétition. Les Républicains du Sénat aussi réclament une loi plus ferme, ils sont même prêts à aller plus loin dans le durcissement de la partie immigration. Sauf qu’au Sénat, ils ont la majorité avec les centristes qui sont davantage positionnés sur le texte du gouvernement, plus équilibré. Quel texte va-t-il ressortir du Sénat ? Et combien seront-ils à droite à voter le texte du gouvernement ? Là encore, c'est très incertain.
Marine le Pen a compris comment piéger Gérald Darmanin.
Alba Ventura
Et le Rassemblement national ? Marine le Pen a compris comment piéger Gérald Darmanin. Elle a dit hier "une petite loi avec des petites mesures qui améliorent un tout petit peu la situation, on peut la voter", sans aller jusqu’à la régularisation dans les métiers en tension. Cela promet des débats houleux au Parlement. Vous imaginez un texte qui serait voté grâce au RN, et à une partie des LR mais pas par l’aile gauche des macronistes ? Il y a fort à parier que cela se termine avec un 49.3...
