Quand recruter des salariés vire au casse-tête. C'est le cas pour le plus grand producteur de champignons français qui se retrouve obligé d'aller les chercher dans des dizaines d'autres pays.
Il s'agit des champignons Renaud installés en Charente-Maritime, une entreprise familiale créée il y a 50 ans, c'est la troisième génération qui dirige aujourd'hui. Ils produisent 300 tonnes de champignons par semaine. Pour faire un champignon, il faut 9 semaines de pousse dans des salles de culture qui sont flambant neuves, maintenues à 14 degrés. Et pour faire l'indispensable récolte quotidienne, il faut 400 cueilleurs et cueilleuses. Et c'est là que ça se gâte.
Ils n'arrivent pas à recruter localement et recrutent à l'étranger, 15 nationalités différentes avec en tête la Pologne, le Maroc, le Québec, l'Ukraine, surtout des femmes. Le champignonniste emploie des recruteurs qui partent à l'étranger et qui reviennent avec des candidats qui sont embauchés en CDI.
Cela n'est pas simple parce qu'au-delà des problèmes de langue, il faut aussi loger ses salariés. Et le marché local de l'allocation, il n'est pas suffisant. Il a donc fallu acheter des logements, les équiper, sans compter les problèmes administratifs.
La culture du champignon a été déclarée métier en tension il y a deux ans, mais ça n'est pas arrivé jusqu'au service de la préfecture de Charente-Maritime, qui continue à demander ce qu'on appelle l'APS, c'est l'autorisation provisoire de séjour, pour les Ukrainiennes par exemple, alors qu'elles n'en auraient pas besoin. Il faut six semaines de délai pour les obtenir ces APS.
Et pendant ce temps-là, il faut évidemment loger et nourrir les futurs employés. Et c'est à recommencer tout le temps parce que bon nombre de ces salariés viennent travailler, économisent, repartent chez eux pour dépenser l'argent, quitte à revenir ensuite. Pour autant, pas question de se passer de personnel dans ce métier parce que sinon on jette les champignons qui arrivent à maturité. Alors que la consommation d'électricité, importante pour maintenir la température stable, elle, ne s'arrête pas.
Jonathan Renaud, le patron actuel, estime que l'attitude vis-à-vis du travail dans la région a commencé à se détériorer au début des années 2010. Au point qu'aujourd'hui, si on l'écoute, il faut deux Français pour faire un Polonais en termes d'énergie, de productivité.
Il constate aussi que certains des travailleurs étrangers changent d'attitude, eux aussi, vis-à-vis du travail au contact de notre modèle social en ayant recours aux arrêts de maladie plus souvent, voire, il l'a constaté en installant des boîtes aux lettres avec adresse fictive pour toucher le chômage tout en étant repartis chez eux.
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